Géorgie, Les autorités se servent d’une nouvelle loi draconienne pour réprimer la dissidence

Les autorités géorgiennes se servent d’une nouvelle loi draconienne pour réprimer les manifestations en Géorgie.

« Le recours par les autorités géorgiennes à une législation draconienne récemment promulguée pour faire taire la dissidence pacifique marque une escalade inquiétante dans la répression des droits humains. Ce texte de loi, adopté à la hâte en décembre 2024, va jusqu’à criminaliser les actes symboliques de contestation, comme le fait d’apposer des autocollants sur des biens publics. Ces mesures sont délibérément mises en place pour cibler les manifestant·e·s pacifiques et étouffer les voix dissidentes – journalistes, défenseur·e·s des droits humains et militant·e·s politiques notamment, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les autorités géorgiennes doivent libérer toutes les personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, et mener sans délai des enquêtes approfondies et impartiales sur toutes les allégations d’usage illégal et disproportionné de la force par la police. »

Complément d’information

Entre les 11 et 12 janvier, plus de 20 personnes – dont des militant·e·s, des professionnel·le·s des médias et des membres de l’opposition politique – ont été arrêtées à Tbilissi et à Batumi lors de manifestations organisées en solidarité avec des manifestant·e·s pro-européens déjà détenus.

Certains, dont les militant·e·s Tsiala Katamidze et Mate Tsentradze, ont été arrêtés à Batumi en vertu d’une loi nouvellement adoptée qui interdit de coller des autocollants de contestation sur les bâtiments publics. Mzia Amaghlobeli, fondatrice des médias Batumelebi et Netgazeti, a été arrêtée à deux reprises le 12 janvier : une première fois pour avoir commis une « infraction » administrative en apposant un autocollant de contestation, puis en tant que suspecte, sans que les charges retenues contre elle ne soient pour l’instant révélées. Le défenseur des droits humains Gia Jvarsheishvili, qui avait déjà déclaré avoir été torturé pendant sa détention en décembre, a lui aussi fait l’objet d’une nouvelle interpellation, le 11 janvier, et a par la suite été hospitalisé.

Les défenseur·e·s des droits humains ont signalé des retards dans l’accès aux détenus, alors que plusieurs d’entre eux auraient été battus, maltraités et insultés par la police.

La nouvelle loi entrée en vigueur le 30 décembre impose des restrictions arbitraires aux droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique : elle prévoit de lourdes amendes pour l’affichage de slogans ou d’affiches de protestation, et accorde à la police le pouvoir de détenir « à titre préventif » pour une durée pouvant aller jusqu’à 48 heures des individus soupçonnés d’avoir l’intention d’enfreindre les règles régissant les réunions publiques ou d’autres lois.

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