GÉORGIE : Le président Saakashvili doit inscrire les droits humains au cœur de sa politique

Index AI : EUR 56/001/2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Ayant obtenu près de 96 p. cent des voix lors de l’élection présidentielle,
Mikhail Saakashvili s’est vu conférer un extraordinaire mandat par la
population de Géorgie. À l’occasion de son entrée en fonction, ce dimanche
25 janvier 2004, Amnesty International l’invite à placer les droits humains
au cœur de sa politique.

« L’organisation de défense des droits humains exhorte le président
Saakashvili à faire la preuve de son engagement envers les droits
fondamentaux, en veillant à promouvoir le respect des droits pour tous,
indépendamment des opinions politiques, des convictions religieuses, de
l’appartenance ethnique ou du genre. »

En particulier, Amnesty International demande au président Saakashvili de :

 prendre des mesures décisives afin de faire en sorte que les minorités
religieuses se sentent en sécurité en Géorgie. Depuis des années, les
minorités religieuses, dont les Baptistes, les Témoins de Jéhovah et les
Pentecôtistes, sont la cible d’attaques violentes imputables aux partisans
de l’Église orthodoxe de Géorgie. Bien souvent, la police s’est abstenue de
fournir une protection appropriée, lorsqu’elle n’a pas soutenu activement
les assaillants. Les autorités géorgiennes n’ayant pas pris de mesures
fermes, des centaines de responsables de ces attaques n’ont toujours pas été
traduits en justice.

 prendre toutes les mesures qui s’imposent afin de veiller à ce que la
Géorgie devienne un pays où plus personne ne craigne d’être torturé ou de
subir des mauvais traitements aux mains de la police. Amnesty International
demeure préoccupée par les informations persistantes faisant état d’actes de
torture et de mauvais traitements infligés en détention. En outre, de
nombreuses enquêtes officielles ouvertes sur ces affaires n’ont pas été
menées de manière impartiale et vigoureuse.

 veiller au respect des droits à la liberté d’expression et d’association
en Géorgie. Récemment, Amnesty International s’est tout particulièrement
inquiétée des actes de harcèlement et d’intimidation visant des journalistes
indépendants dans la République autonome d’Adjarie. Certains auraient été
battus par la police. D’autre part, l’organisation de défense des droits
humains est préoccupée par des informations selon lesquelles une douzaine de
partisans de l’organisation estudiantine Kmara (Assez !), ainsi que des
membres de leurs familles, ont été placés en détention ces dernières
semaines pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté
d’expression.

 donner la priorité aux droits humains dans les relations internationales
de la Géorgie. En dépit de son obligation de ne pas extrader une personne
vers un pays où elle risquerait de subir de graves violations de ses droits
fondamentaux, la Géorgie a extradé vers la Russie un certain nombre de
Tchétchènes, accusés de « terrorisme » par les autorités russes. Amnesty
International exhorte le président Saakashvili à s’appuyer sur la position
encourageante prise en 2003 : la Géorgie avait alors refusé de livrer trois
hommes à la Russie, conformément à une décision rendue par la Cour suprême
en mai.

 inscrire à l’ordre du jour de son gouvernement l’abrogation immédiate de
l’accord d’impunité signé avec les États-Unis par le gouvernement précédent.
En mai 2003, le Parlement de Géorgie était le deuxième Parlement dans le
monde à ratifier un accord bilatéral d’impunité avec les États-Unis. Cet
accord vise à engager la Géorgie à ne pas remettre à la Cour pénale
internationale (CPI) nouvellement créée les ressortissants américains
accusés de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Cet
accord va à l’encontre des obligations de la Géorgie tant au titre du Statut
de Rome de la CPI que du droit international

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