Communiqué de presse

Grèce. Des agents d’entretien qui manifestaient ont été frappés et meurtris par des policiers, tandis que l’impunité persiste

Des techniciens de surface grecs ont expliqué à Amnesty International qu’ils ont été frappés et meurtris par des policiers antiémeutes après avoir essayé de protester pacifiquement contre des licenciements massifs, dans le centre d’Athènes, jeudi 12 juin dans la soirée.

Ces manifestants incluaient des agents d’entretien - majoritairement des femmes âgées de 45 à 60 ans - qui ont perdu leur emploi au ministère des Finances dans le cadre des mesures d’austérité les plus récentes adoptées par le gouvernement grec.

Evangelia Alexaki, une manifestante de 57 ans qui faisait partie des 397 employés licenciés, a affirmé que des policiers ont frappé ces femmes à coups de bouclier et à coups de pied.

« Nous n’avions qu’une banderole et un porte-voix ; nous sommes couvertes de bleus maintenant. Nous pourrions être leurs mères », a-t-elle déclaré à Amnesty International.

Despoina Kostopoulou, 52 ans, une autre manifestante, a été conduite à l’hôpital en même temps que deux autres femmes et un homme. Elle a expliqué que les policiers les avaient « passés à tabac ».

« Nous étions une dizaine à défiler et à crier de manière non violente derrière une banderole, lorsque les policiers nous ont attaqués sans sommation », a dit Despoina Kostopoulou à Amnesty International.

« J’ai pris un coup de bouclier au visage alors que j’essayais d’aider une collègue, puis j’ai fait une crise de panique. »

Plusieurs journalistes qui couvraient la manifestation ont eux aussi été blessés car la police a recouru à une force excessive afin de mettre un terme à cette action de protestation, qui se tenait devant le ministère des Finances et impliquait une trentaine de personnes.

« La violence qui a semble-t-il été employée contre ces femmes, qui ne faisaient qu’exercer leur droit de manifester pacifiquement, est l’exemple le plus récent de recours injustifié et excessif à la force par la police grecque - et l’impunité de cette dernière en est principale raison », a déclaré Giorgos Kosmopoulos, spécialiste de la Grèce à Amnesty International.

« Le droit international et les normes associées indiquent clairement que les gouvernements doivent veiller à ce que tout recours arbitraire ou abusif à la force par la police soit puni comme une infraction pénale. Mais la culture d’impunité est si profondément ancrée au sein de la police grecque, que les agents sont convaincus qu’ils ne seront pas inquiétés même s’ils commettent des violations des droits humains aussi flagrantes - et c’est souvent le cas. »

Amnesty International a recensé de nombreux cas dans lesquels des policiers antiémeutes ont pris pour cible des membres de la presse, et des journalistes faisaient effectivement partie des blessés jeudi 12.

Tatiana Bolari, une journaliste, a été hospitalisée après avoir été jetée à terre par un policier, qui lui a ensuite donné des coups de pied, a déclaré un membre de sa famille à Amnesty International.

Marios Lolos, président de l’association des photojournalistes, a dit à Amnesty International que des policiers antiémeutes lui avaient mis des coups de pied et de bouclier.

Une enquête de police avait été diligentée quelques jours auparavant, après l’apparition d’une vidéo montrant un policier antiémeutes donner à une femme un coup de poing à la tête alors qu’elle lui tournait le dos. Plus tôt ce mois-ci, une autre femme de ménage qui prenait part à une manifestation aurait eu la jambe fracturée lors d’une opération de police.

« Les autorités grecques doivent lancer une véritable enquête impartiale sur les allégations de recours indu et excessif à la force par la police. Elles doivent aussi établir un mécanisme indépendant digne de ce nom chargé d’enregistrer les plaintes contre la police et d’enquêter sur ce type d’allégations à l’avenir », a déclaré Giorgos Kosmopoulos.

« Les policiers antiémeutes doivent être individuellement reconnaissables au moyen d’un numéro d’identification unique clairement visible apposé sur leur casque ou leur uniforme. »

Les manifestations de jeudi 12 font suite à la décision de la Cour suprême grecque d’infirmer un jugement précédent ordonnant au ministère des Finances de réembaucher ces agents d’entretien.

La Cour examinera de nouveau ce cas en septembre, lorsqu’un jugement définitif sera prononcé sur la légalité de ces licenciements.

Des témoins ont déclaré à Amnesty International que les manifestants ne représentaient aucune menace pour la police, que l’immeuble du ministère des Finances était fermé, et qu’il n’y avait donc aucun risque que ces femmes puissent y entrer.

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