« Il s’agit là d’une tragédie aux proportions inimaginables, d’autant plus qu’elle était totalement évitable. Nous demandons qu’une enquête approfondie, indépendante et impartiale soit menée de toute urgence pour déterminer ce qui a abouti à cette catastrophe, et qu’une assistance et un soutien soient apportés aux survivants. De nombreuses questions attendent une réponse. Pourquoi les opérations de recherche et de sauvetage n’ont-elles pas été lancées bien plus tôt ? Qu’est-ce qui a fait chavirer le bateau ? Les personnes qui ont perdu la vie, les survivants et leurs familles méritent la transparence, la vérité et la justice.
« En attendant que les survivants de cette tragédie puissent témoigner de ce qu’ils ont vécu, Amnesty International est vivement préoccupée par le manque de clarté de la version des faits présentée par les autorités grecques.
« Les garde-côtes grecs ont indiqué que des personnes à bord du bateau, sans qu’il soit précisé lesquelles, avaient “refusé” l’assistance de la Grèce et souhaité continuer vers l’Italie. Il y avait des centaines de passagers et il est impossible qu’ils aient tous été consultés pour connaître leurs souhaits. Les autorités grecques avaient des responsabilités précises à l’égard de tous les passagers du navire, qui était à l’évidence en détresse.
« Il faut qu’une enquête soit ouverte en urgence pour éclaircir les circonstances de cette tragédie, qui s’ajoute à une longue série de naufrages en Grèce et ailleurs en Europe qui auraient pu être évités. Aujourd’hui, des familles pleurent leurs morts et d’autres cherchent leurs proches qu’elles n’arrivent pas à joindre. Les responsables politiques européens auraient pu empêcher que cela arrive en mettant en place des voies sûres et légales pour venir en Europe. Celles-ci sont le seul moyen d’éviter que de telles tragédies se produisent si souvent. »
Complément d’information
Amnesty International appelle les autorités grecques à communiquer de plus amples informations sur les circonstances qui ont abouti à leur décision de ne pas secourir plus tôt le navire. L’organisation engage également l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) à rendre publiques les informations et les images aériennes obtenues dans le cadre de son observation des événements. Ces informations sont essentielles pour reconstituer les faits, car son avion de surveillance a signalé avoir détecté le bateau dans la matinée de mardi.
Pour les personnes rescapées de cet épisode traumatisant, Amnesty International exhorte les autorités de la Grèce à s’assurer que les survivants et les familles touchées aient accès à un soutien psychologique en bonne et due forme, à des soins et à des moyens de communiquer avec leurs proches et de signaler les personnes disparues. Tous les survivants doivent être logés dans un environnement où ils sont en sécurité.