GRÈCE : Témoignages de victimes de violations des droits humains

Index AI : EUR 25/025/02

Le présent document contient des extraits de témoignages émanant d’un certain nombre de personnes qui affirment avoir été victimes de violations des droits humains et dont le cas est présenté dans le rapport Greece : In the Shadow of Impunity – Ill-treatment and the Misuse of Firearms [Grèce. Le règne de l’impunité : mauvais traitements et utilisation abusive d’armes à feu].
« [Un policier] a pris une barre de fer sous son bureau et l’a appuyée sur ma gorge en disant qu’il allait m’étouffer si je ne disais pas la vérité [… Un policier] m’a dit : "Baisse ton pantalon. Si tu ne baisses pas ton pantalon pour que je t’encule, tu vas mourir". J’ai dit que je ne le baisserais pas […] Il a tiré sur le bouton et l’a défait. Je l’ai refermé et [ils] m’ont battu… » (Lazaros Bekos, Rom, dix-sept ans)

« Je l’ai supplié de faire attention à mon bras car j’avais été opéré d’une double fracture, mais il m’a donné des coups de pied dans le ventre puis au bras gauche, ce qui a provoqué une nouvelle fracture. Quand j’ai compris [ce qui s’était passé], je lui ai dit : "Vous m’avez cassé le bras, appelez un médecin s’il vous plaît." Alors que je me tordais de douleur, il a essayé de me donner un coup de pied dans les organes génitaux ; j’ai bougé pour éviter le coup, qui m’a atteint aux côtes droites. J’ai cru que j’allais mourir… » (Ilias Hatzidiakos, Grec, quarante ans)

« Après m’avoir arrêté, les policiers m’ont traîné jusqu’au véhicule de la patrouille de police, où ils m’ont fait passer par-dessus le capot et ont commencé à me battre. Je crois qu’ils se sont aussi servis de matraques. Leurs coups m’ont fait tomber par terre et ensuite ils se sont mis à me donner des coups de pied. À un moment donné, ils m’ont mis dans le fourgon, où ils ont recommencé à me frapper. Ensuite, ils m’ont fait sortir du véhicule, m’ont de nouveau tapé dessus puis m’ont remis dans le fourgon, où j’ai encore une fois été battu. Pendant ce temps, mes enfants étaient venus à la porte, et quand ils ont vu les policiers me frapper ils se sont mis à pleurer. » (Andreas Kalamiotis, Rom, vingt et un ans)

« Vers 18 h 30, j’ai traversé un ruisseau qui passe le long de la frontière et j’ai commencé à grimper le flanc de la montagne […] Quand je suis arrivé au sommet, j’ai emprunté un sentier dans la forêt. Je n’avais pas fait plus de 300 mètres quand j’ai entendu un chien. Il s’est jeté sur moi et m’a attrapé par la manche de ma veste. J’ai entendu des soldats qui criaient " Halte !". J’ai répondu "Oui !" […] Les soldats m’ont appelé de loin et je leur ai répondu que j’étais seul. Ils se sont approchés et m’ont fouillé, ont rappelé le chien et ont pris tout ce que j’avais sur moi [… Puis] ils m’ont fait m’allonger par terre sur le ventre. J’ai obéi et ils se sont mis à me donner des coups de pied et à me frapper à coups de crosse de fusil sur le côté, le dos et les épaules. Je leur ai dit : "S’il vous plaît, je suis vieux, s’il vous plaît, ne me frappez pas." Ils ont hurlé : "Ne dis pas un mot si on ne te pose pas de questions." Après m’avoir roué de coups, deux soldats (il y en avait un troisième qui est resté à douze ou quinze mètres de distance) m’ont dit de me relever. Je me suis levé avec difficulté. Les deux soldats qui m’avaient frappé ont reculé d’environ cinq mètres et ils se sont parlé à voix basse. Je n’ai pas compris ni même entendu ce qu’ils se disaient. Après cette conversation, l’un d’eux s’est approché de moi par derrière avec un pistolet à la main et il a dit : "Avance." J’ai levé le pied droit pour avancer et il m’a tiré dessus avant de me redire d’avancer. Je lui ai dit de me tirer une balle dans la tête pour m’achever. Puis ce soldat m’a demandé : "Pourquoi as-tu reculé ?", alors que j’avais simplement fait un pas en avant. J’étais allongé par terre, blessé, et ils m’ont dit : "Maintenant, sauve-toi en Albanie." […] Au bout d’une heure environ, un médecin militaire est arrivé. Il a essayé d’arrêter le saignement ; il a déchiré une partie de ma chemise et me l’a placée sur le côté droit de l’estomac, là où la balle était ressortie. Il m’a dit d’appuyer dessus. Il a pris deux ceintures aux soldats et les a serrées autour des zones où la balle était entrée puis ressortie. » (Ferhat Çeka, Albanais, soixante-sept ans).

« À la frontière, des hommes appartenant aux forces frontalières grecques sont venus vers nous. Ils nous ont ordonné de nous allonger par terre ; trois de mes amis se sont enfuis, mais ils m’ont pris et ont commencé à me donner des coups de pied et à me frapper à la tête et sur le corps avec leurs crosses de fusil. Après, ils m’ont emmené à la caserne et ont pris l’argent que j’avais sur moi […] ils m’ont détenu pendant environ une heure. À une heure du matin, le 14 juin 2001, ils m’ont emmené au poste des douanes albanaises et nous sommes allés immédiatement voir la police [albanaise] et lui dire ce qui s’était passé. Les policiers ont pris les mesures nécessaires et m’ont conduit à l’hôpital. » (Kastriot Rrapi, Albanais)

« [Des policiers au centre d’Hellenikon] m’ont saisi et ont commencé à me donner des coups de pied, à me pousser et à me frapper avec un large objet noir rectangulaire qui avait deux prolongements comme des mâchoires. Chaque fois qu’ils me touchaient, j’avais l’impression qu’un courant électrique me transperçait. » (Joseph Emeka Okeke, un immigré nigérian détenu en attendant son renvoi)

« Alors que j’étais seule, sans arme et que je leur tournais le dos, les policiers […] m’ont agressée violemment sans raison. Ils m’ont entourée et ont commencé à me donner des coups de pied et à me frapper avec des matraques sur tout le corps, jusqu’à ce que je m’écroule sur le bitume. Ils ne se sont pas arrêtés, au contraire, [le policier en civil] a continué à me donner des coups de pied à la tête et au visage avec encore plus de violence, alors que j’étais complètement sans défense et que je ne pouvais rien faire. » (Melpo Koronaiou, Grecque)

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez consulter le rapport intitulé Grèce. Mauvais traitements, armes à feu et impunité (index AI : EUR 25/020/02), qui est un résumé du rapport Greece : In the Shadow of Impunity – Ill-treatment and the Misuse of Firearms [Grèce. Le règne de l’impunité : mauvais traitements et utilisation abusive d’armes à feu] (index AI : EUR 25/022/02).

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