GRÈCE : Un journaliste et défenseur des droits humains albanais menacé d’expulsion

Index AI : EUR 25/002/2003

DÉCLARATION PUBLIQUE

Mercredi 7 mai, Amnesty International a adressé un courrier au ministre grec
de l’Ordre public, M. Michalis Chrysochoidis. L’organisation lui faisait
part de son inquiétude au sujet de M. Gazmend Kapllani, journaliste et
défenseur des droits humains de nationalité albanaise, qui est menacé
d’expulsion.

Gazmend Kapllani est arrivé en Grèce en 1991. Ayant obtenu une bourse de
l’État, il passe actuellement son doctorat à l’université du Panthéon
d’Athènes. Président du Forum des migrants albanais, c’est un militant bien
connu qui a fait du racisme et de l’immigration son cheval de bataille.

Le 26 février 2002, M. Kapllani a remis aux autorités un dossier regroupant
toutes les pièces justificatives requises pour le renouvellement de son
permis de séjour. Sa demande a été rejetée le lendemain, au motif qu’il
représentait une « menace pour l’ordre public et la sécurité nationale ».

Dans une interview donnée au quotidien Eleftherotypia le 3 mai dernier, le
médiateur a déclaré qu’il n’était pas en mesure d’intervenir dans cette
affaire, tout en ajoutant : « Depuis le tout début, nous avons établi le
caractère inconstitutionnel des dispositions existant dans ce domaine ;
elles ont permis aux autorités policières de prendre des mesures arbitraires
contre des ressortissants étrangers, en invoquant de vagues motifs liés à
l’ordre et à la sécurité nationale. »

« Le ministère de l’Ordre public a refusé de renouveler le permis de séjour
de M. Kapllani au motif qu’il représente une menace pour la " sécurité
nationale ". Cette décision nébuleuse, dont on n’a pu établir le bien-fondé,
soulève de lourdes inquiétudes quant à son caractère arbitraire », a déclaré
Amnesty International. L’organisation de défense des droits humains redoute
vivement que l’avenir de Gazmend Kapllani soit gravement compromis, en cas
d’application de cette décision apparemment fondée sur une procédure
judiciaire qualifiée de non constitutionnelle par le médiateur. Gazmend
Kapllani aura alors été désigné comme une « menace pour la sécurité
nationale », sans avoir eu la possibilité de contester cette accusation.

Deux semaines après le rejet de sa demande de permis de séjour, le 15 mars
2003, des policiers ont placé Gazmend Kapllani en détention au siège de la
sécurité nationale, sans mandat d’arrêt, en faisant valoir qu’il conduisait
une moto non assurée en 1997.

Cet événement se conjugue avec une précédente attaque d’un député grec
contre Gazmend Kapllani, lorsque celui-ci avait déclaré que « l’avenir de
l’Europe est multiculturel ; l’homogénéité des États telle que nous la
connaissons n’est plus ». Selon Amnesty International, cela porte à croire
que les mesures prises à l’encontre de M. Kapllani font écho à ses opinions
exprimées avec franchise et à ses activités menées au nom des migrants.

« Nous demandons aux autorités grecques d’étayer leurs allégations envers
Gazmend Kapllani ou de renouveler sans délai son permis de séjourner en
Grèce », a conclu Amnesty International.

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