GRÈCE : Une enquête doit être ouverte sur les actes de torture qui auraient été perpétrés contre des demandeurs d’asile

Index AI : EUR 25/016/2004
ÉFAI

Mercredi 22 décembre 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

C’est avec consternation qu’Amnesty International a appris que des policiers
grecs auraient soumis un groupe de demandeurs d’asile afghans, comprenant
des adultes et des mineurs, à des techniques d’interrogatoire faisant appel
à la torture. Dans une lettre au ministre de l’Ordre public, Giorgos
Voulgarakis, l’organisation demande qu’une enquête approfondie et impartiale
soit menée sans délai sur ces allégations et que les auteurs présumés de ces
actes soient traduits en justice.

Selon les informations dont nous disposons, des policiers en civil se
seraient présentés le 13 décembre 2004 dans une maison du quartier Agios
Pantaleimonas à Athènes, où logeaient entre 40 et 60 demandeurs d’asile et
réfugiés afghans. Les policiers cherchaient à obtenir des informations sur
un ressortissant afghan qui s’était échappé du tribunal où il comparaissait
pour séjour irrégulier dans le pays. Après avoir rassemblé toutes les
personnes présentes dans la maison, y compris les mineurs, dans une pièce,
les policiers les auraient sévèrement battues, en torturant même certaines.
Le même scénario se serait reproduit les jours suivants. Des policiers
auraient emmené un garçon de dix-sept ans au commissariat et l’auraient
torturé. Selon le garçon, les policiers l’auraient déshabillé, forcé à
s’allonger par terre jambes écartées et auraient pointé une arme contre sa
tempe en menaçant de le tuer. Un policier aurait photographié la scène avec
son téléphone portable. Une soixantaine d’Afghans auraient reçu des coups,
mais seuls trente d’entre eux ont osé porté plainte. Au moins dix-sept
d’entre eux avaient entre quinze et dix-sept ans.

« Ils portaient des traces de contusions sur les bras et les jambes. Les
coups ont été porté avec un instrument contondant. Ces actes constituent des
actes de torture. Le terme torture désigne tout acte par lequel une
souffrance aiguë est intentionnellement infligée à une personne à des fins
spécifiques par une personne agissant à titre officiel », a expliqué Maria
Kali, directrice du Centre médical pour la réadaptation des victimes de
torture. Selon les informations qui nous sont parvenues, l’un des demandeurs
d’asile afghans présentait des éraflures au cou qui auraient été causées par
le canon d’une arme.

« Amnesty International condamne dans les termes les plus forts de tels
mauvais traitements. Ce genre d’épisodes est d’autant plus odieux quand il
touche les groupes les plus vulnérables de la société, comme les mineurs et
les personnes cherchant à échapper aux persécutions. Les principes
directeurs du HCR concernant la détention des demandeurs d’asile énoncent
clairement que les mesures de détention doivent être « appliquées avec
humanité, dans le respect de la dignité inhérente à la personne », a déclaré
Marianna Tzeferakou d’Amnesty International Grèce.

« Plusieurs de ces réfugiés et demandeurs d’asile afghans sont mineurs. Aux
termes de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant,
que la Grèce a ratifiée et qu’elle est donc légalement tenue de respecter,
ces personnes sont des enfants. L’État grec a le devoir de s’occuper d’eux
 », a ajouté Marianna Tzeferakou.

Dans le passé, Amnesty International s’est inquiétée de l’impunité dont
jouissait la police grecque dans les affaires de violations des droits
humains, allant parfois jusqu’à des actes de torture et des mauvais
traitements. Il existe un danger très réel de voir ces pratiques se
poursuivre si les autorités grecques ne prennent pas des mesures strictes
visant à obliger les policiers à rendre compte de leurs actes et à empêcher
qu’ils ne soient dégagés de toute responsabilité dans les affaires de
violations des droits humains.

« La Grèce a signé et ratifié le Protocole facultatif se rapportant à la
Convention contre la torture. Les autorités grecques ont l’obligation de
prendre des mesures effectives visant à prévenir les actes de torture. Il
faut faire savoir clairement à tous les policiers que les actes de torture,
les mauvais traitements ou les menaces de tels actes sont absolument
interdits », a déclaré Marianna Tzeferakou.

Amnesty International est très préoccupée par la situation des demandeurs
d’asile en Grèce. Lors de cet épisode particulier, les policiers auraient
pris les papiers de trois des Afghans et ne les auraient pas rendus. Tous
les Afghans en question auraient un dossier de demande d’asile en cours.
Beaucoup se trouvent dans une situation extrêmement vulnérable de « sans
papiers », ce qui les laissent à la merci d’autres violations de leurs
droits.

Amnesty International maintient sans équivoque sa position selon laquelle
les circonstances à l’origine des mouvements de réfugiés n’ont pas évolué
d’une manière qui pourrait laisser à penser aux pays hôtes qu’un retour en
Afghanistan des réfugiés et demandeurs d’asile de ce pays est sans danger.
La Grèce, en tant que pays européen et État partie à la Convention relative
au statut des réfugiés, doit offrir une protection adéquate à ce groupe de
personnes vulnérables.

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