Depuis sa récente nomination pour présider l’audience du 18 octobre, le juge suppléant est confronté à des propos stigmatisants sur les réseaux sociaux et à une plainte qui pourrait donner lieu à des pressions indues. Malheureusement, ce genre de manœuvre d’intimidation s’inscrit dans le schéma de criminalisation qui caractérise les cas de poursuites pénales à caractère politique visant des dizaines de défenseur·e·s des droits humains, de journalistes, d’acteurs et actrices de la justice et de personnes qui, en général, ont participé à la lutte contre l’impunité et la corruption, comme José Rubén Zamora.
Au moins 10 avocat·e·s s’étant occupés de sa défense ont été contraints d’abandonner en raison de pressions extérieures et même de procédures pénales abusives qui les ont conduits en prison, à titre de représailles pour leur travail en faveur du journaliste. Ces faits s’ajoutent aux multiples irrégularités, aux retards injustifiés et au manque de preuves qui ont caractérisé la procédure ouverte contre le journaliste, et ont bafoué ses droits à la défense, à la présomption d’innocence et à un procès équitable et impartial.
José Rubén Zamora est injustement maintenu en détention dans la prison Mariscal Zavala, dans la ville de Guatemala, depuis plus de 800 jours. Des experts internationaux ont dénoncé les conditions de détention du journaliste et notamment des faits susceptibles de constituer des actes de torture, ainsi que des traitements cruels et inhumains. Ces conditions représentent une grave violation de la dignité humaine et de l’accès à la justice. Sa détention prolongée a été qualifiée d’arbitraire par le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, qui a réclamé sa libération immédiate.
Les organisations soussignées demandent que cette audience, cruciale pour le journaliste, se déroule avec toutes les garanties d’indépendance
Les poursuites pénales engagées contre Jose Rubén Zamora constituent par ailleurs une violation de la liberté d’expression et visent à réduire au silence les voix critiques dans le pays. Il fait l’objet de deux procédures pénales distinctes dans le cadre desquelles il a été placé en détention provisoire. Il ne pourra être remis en liberté que si les instances compétentes ordonnent une assignation à résidence dans les deux affaires simultanément.
En août 2024, le tribunal chargé de l’affaire d’infraction présumée de blanchiment d’argent a décidé de modifier la détention provisoire imposée. Le 18 octobre, un tribunal examinera la deuxième ordonnance de placement en détention provisoire, toujours en vigueur, prononcée dans le cadre de l’autre affaire pénale. Cette mesure est la seule maintenant le journaliste derrière les barreaux à l’heure actuelle.
Les organisations soussignées demandent que cette audience, cruciale pour le journaliste, se déroule avec toutes les garanties d’indépendance, d’impartialité et autres exigences fondamentales relatives à un procès équitable.
Organisations signataires
Amnesty International
Avocats sans frontières
ARTICLE 19 Mexique et Amérique centrale
Be Just
CIVICUS
Centre pour la justice et le droit international (CEJIL)
Comité pour la protection des journalistes
Due Process of Law Foundation (DPLF)
Freedom House
Free Press Unlimited
Fundamedios
Guatemala Human Rights Commission/ États-Unis (GHRC)
Impunity Watch
Latin America Working Group (LAWG)
Plataforma Internacional contra la Impunidad
Protection International Mesoamérica
Reporters sans frontières (RSF)
Robert F. Kennedy Human Rights
Washington Office on Latin America (WOLA)