Communiqué de presse

Guatemala. Le procès d’un ancien chef d’État pour génocide fait progresser la lutte contre l’impunité

La décision historique qui a été prise de juger pour génocide un ancien chef de l’État en même temps que d’anciens hauts responsables du pays constitue une nouvelle étape vers la justice pour les très nombreuses violations des droits humains commises par le passé.

Un tribunal pénal de la ville de Guatemala a statué jeudi 26 janvier que le général José Efraìn Rìos Montt devait répondre devant la justice d’accusations de génocide en lien avec les massacres de milliers de villageois, principalement mayas, en 1982 et 1983, alors qu’il dirigeait de facto le pays.

La décision a été prise le jour où le Congrès guatémaltèque a voté l’adhésion du pays à la Cour pénale internationale, dont la compétence n’est pas rétroactive.

« Pour certaines des dizaines de milliers de victimes de violations des droits humains et leurs proches ce procès est un évènement charnière qu’il a fallu attendre plus de trente ans, a déclaré Sebastian Elgueta, spécialiste de l’Amérique centrale à Amnesty International. L’homme soupçonné d’être responsable de certaines des pires atrocités va enfin comparaître en justice. »

Violations massives

En 1999, une commission d’établissement de la vérité soutenue par les Nations unies a établi qu’au cours du conflit interne guatémaltèque, qui a duré 36 ans, quelque 200 000 personnes avaient été tuées ou avaient « disparu ». La commission a recensé plus de 600 massacres et conclu qu’il y avait eu génocide.

La commission a également établi que près de la moitié des violations des droits humains commises durant le conflit avaient eu lieu en 1982. Le général Ríos Montt a dirigé de facto le pays pendant neuf mois cette année-là.

Les poursuites engagées contre Ríos Montt s’inscrivent dans le cadre d’une procédure au pénal engagée en 2001 contre plusieurs anciens responsables militaires par l’Association Justice et Réparation, qui représente des centaines de victimes de violations des droits humains commises pendant le conflit.

Le général à la retraite, âgé aujourd’hui de 85 ans, est assigné à résidence jusqu’à la fin du procès ; si sa culpabilité est établie, il encourt une peine de 20 à 30 ans d’emprisonnement.

« Trente ans se sont écoulées depuis que ces massacres ont eu lieu, et les poursuites ont été engagées il y a onze ans maintenant, a déclaré Sebastian Elgueta. Les victimes et leurs familles n’auraient pas dû avoir à attendre si longtemps pour obtenir les réparations qui leur reviennent. »

Affaires en attente

Plusieurs autres affaires de violations des droits humains commises dans le cadre du conflit au Guatemala n’ont pas encore été entièrement instruites.

La commission d’établissement de la vérité établie en 1999 sous l’égide des Nations unies a recensé 23 671 victimes d’exécutions arbitraires et 6 159 victimes de disparitions forcées.

En dépit d’une décision de justice allant en ce sens et des engagements pris par le président guatémaltèque Álvaro Colom, l’armée n’a toujours remis des documents qui pourraient être déterminants pour les enquêtes en cours sur ces violations des droits humains et d’autres.

De ce fait, les proches des milliers de personnes qui ont disparu pendant le conflit armé ne savent toujours pas où se trouvent les dépouilles des êtres qui leur étaient chers.

« Le nouveau président du Guatemala, Otto Perez Molina, devrait ouvrir la voie à l’établissement des responsabilités pour les violations des droits humains commises par le passé et faire en sorte que justice soit rendue pour les victimes et leurs proches qui attendent depuis plus de trente ans », a déclaré Sebastian Elgueta.

« Sa première priorité devrait être de faire savoir clairement qu’il est déterminé à mettre fin à l’impunité qui a affecté le pays. »

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