Le procès du général Efraín Ríos Montt, ancien président du Guatemala, pour un génocide perpétré lors de ses années au pouvoir, a repris.
Les dix points ci-après montrent pourquoi le sombre passé de ce pays d’Amérique centrale est toujours d’actualité.
1. Le Guatemala, situé en Amérique centrale, est frontalier du Mexique. Près de la moitié des Guatémaltèques sont des autochtones, dont beaucoup de Mayas. Les inégalités y sont parmi les plus fortes de la région – taux élevés d’analphabétisme, de mortalité infantile et de malnutrition, en particulier en milieu rural. Le crime organisé et la violence y sont par ailleurs très présents.
2. Entre 1960 et 1996, le Guatemala a été le théâtre d’un conflit armé interne sanglant opposant l’armée à des groupes de guérilla. Plus de 200 000 hommes, femmes et enfants ont été tués ou soumis à une disparition forcée au cours de cette guerre longue de 36 ans ; la plupart de ces personnes étaient des autochtones.
3. Le général José Efraín Ríos Montt fut à la tête d’un gouvernement militaire dans ce pays entre mars 1982 et août 1983 – l’une des périodes les plus sanglantes du conflit, marquée par une campagne agressive prenant pour cible quiconque était soupçonné de soutenir les guérilléros d’extrême gauche.
4. Le conflit a pris fin en 1996 avec la signature d’un accord de paix dans le cadre duquel le gouvernement s’est engagé à faire la lumière sur ce qui s’était passé pendant ces trois décennies de violence. En 1999, un rapport remis par la Commission de clarification historique, parrainée par les Nations unies, a conclu que l’État guatémaltèque était responsable de 93 % des violations commises. La Commission a également déclaré qu’en 1981-1982 un génocide avait été commis par l’État dans le territoire ixil, et dans les zones de Zacualpa, du nord du département d’Huehuetenango et de Rabinal, où entre 70 et 90 % des populations vivant sur place ont été anéanties.
5. C’est la première fois qu’un ancien chef d’État guatémaltèque est jugé pour génocide. Efraín Ríos Montt fait l’objet de poursuitesdepuis 2001, mais la procédure a butté sur une série d’obstacles, en raison notamment des nombreux recours constitutionnels formés en faveur de l’accusé, ainsi que de son immunité en tant que membre du Congrès – qu’il a perdue en janvier 2012.
6. Le général Ríos Montt est accusé d’être le responsable moral de l’homicide de 1 771 personnes, du déplacement forcé de 29 000 autres, des abus sexuels infligés à huit femmes et de la torture d’au moins 14 personnes. En mars 2012, il a par ailleurs été inculpé pour le massacre de 201 personnes à Dos Erres, dans le département du Petén, remontant à décembre 1982 – aucune date n’a encore été arrêtée pour l’examen de ce chef d’accusation.
7. Le procès d’Efraín Ríos Montt et du général Mauricio Rodríguez Sánchez – son ancien chef du renseignement – s’est ouvert le 19 mars 2013. Le 18 avril, lors de la dernière phase du procès, après que plus de 100 témoins et experts aient été entendus, un magistrat relevant d’une autre instance que le tribunal chargé de juger l’ancien chef d’État a ordonné l’annulation du procès et un retour à la phase précédant ce dernier.
8. Les débats ont repris le 19 avril au tribunal de première instance. Celui-ci a refusé l’annulation du procès, mais a ajourné la procédure jusqu’à ce que des juridictions supérieures trouvent une solution au problème. Après une série d’arrêts prononcés par des juridictions supérieures, le procès a repris le 30 avril.
9. Les anciens généraux Oscar Mejía Víctores – qui était ministre de la Défense lorsqu’Efraín Ríos Montt était au pouvoir et lui a succédé comme président – et Mario López Fuentes, ancien chef de l’état-major de l’armée, ont également été inculpés mais les procédures les visant ont été ajournées en raison de leur état de santé.
10. En août 2011, à l’issue de l’un des plus récents procès de responsables de massacres, quatre soldats ont été condamnés à plus de 6 000 ans en prison pour avoir tué 250 personnes dans la ville de Dos Erres (nord du pays) en 1982.
Aperçu
Les chiffres du conflit au Guatemala
Le conflit armé interne au Guatemala a duré de 1960 à 1996.
Plus de 200 000 hommes, femmes et enfants ont été tués ou soumis à une disparition forcée.
Efraín Ríos Montt fut au pouvoir entre 1982 et 1983.
Le conflit a pris fin en 1996 avec la signature d’un accord de paix.
© Photo JOHAN ORDONEZ/AFP/Getty Images