GUATÉMALA - Une série de cambriolages frappe les organisations de défense des droits humains

Index AI : AMR 34/022/2005

Par l’intermédiaire de ces cambriolages, un message inquiétant est adressé aux défenseurs des droits humains du Guatémala : leur action ne sera ni soutenue, ni tolérée, a déclaré Amnesty International à la suite de la série de vols avec effraction qui a touché des organisations à vocation sociale et des mouvements de défense des droits fondamentaux au Guatémala.

Entre le 8 et le 11 mai 2005, les locaux de huit organisations ont été visités par des inconnus. Dans la majorité des cas, de précieuses informations ont été dérobées tandis que des objets de valeur ont été laissés de côté, ce qui indique clairement la nature politique de ces cambriolages.

Dans la nuit du 11 au 12 mai, des individus se sont introduits dans les bureaux de l’organisation Enfants pour l’identité et la justice contre l’oubli et le silence (HIJOS), pour la seconde fois de l’année. Après avoir fouillé minutieusement les archives de l’association, les inconnus ont emporté deux ordinateurs qui contenaient des données essentielles sur ses activités. D’autres objets de valeur, tels qu’un ordinateur portable et un rétroprojecteur, n’ont en revanche pas été dérobés.

Dans la nuit du 8 au 9 mai, les locaux de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOC) ont été cambriolés. Les intrus ont emporté 15 ordinateurs qui contenaient de précieuses informations sur les activités de l’organisation et sur ses membres. D’autres objets de valeur, tels que des imprimantes, des scanners, des photocopieuses, des téléphones et des télécopieurs, ont été laissés sur place.

« Les cambriolages dont HIJOS et la CNOC ont fait l’objet sont loin d’être des cas isolés, a déclaré Amnesty International. Commises au vu et au su des autorités et en toute impunité, les attaques contre les organisations à caractère social et les mouvements de défense des droits humains prennent des proportions alarmantes. »

Toutes les organisations prises pour cible ont critiqué les nouvelles orientations économiques adoptées par le gouvernement et son attitude vis-à-vis des accords de paix. Plusieurs d’entre elles sont membres du Mouvement indigène, paysan, syndical et populaire (MICSP), qui a été à la pointe de l’opposition à la signature de l’Accord de libre-échange avec l’Amérique centrale (ALEAC) et à l’exploitation des mines de métaux.

Depuis le début de l’année 2005, des défenseurs des droits humains et des militants des droits sociaux ont dénoncé un recours excessif à la force de la part des forces de sécurité au cours de manifestations contre l’ALEAC et l’exploitation minière.

Le 14 mai, des manifestations ont été organisées un peu partout dans le pays pour protester contre la ratification de l’ALEAC par le Congrès du Guatémala, le 13 mai. Les affrontements entre les manifestants et la police ont fait un mort et des dizaines de blessés.

« La nouvelle vague d’attaques contre les associations à vocation sociale et les mouvements de défense des droits fondamentaux s’inscrit dans le cadre d’une campagne organisée par des groupes clandestins dans le but d’obtenir des renseignements sur l’action de ces organisations, qui menace certains milieux politiques, a déclaré Amnesty International.

« Le gouvernement doit reconnaître publiquement l’importance du travail accompli par les membres de la société civile, et ouvrir des espaces de dialogue avec ces personnes sur les politiques publiques », a ajouté l’organisation.

Amnesty International exhorte à nouveau les autorités guatémaltèques à enquêter sur les cambriolages et les actes de harcèlement qui visent les défenseurs des droits humains, et à déférer à la justice les responsables présumés de ces agissements.

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