Amnesty International condamne fermement cette attaque et engage les autorités guatémaltèques à mener une enquête approfondie, indépendante et impartiale sur la mort de Ronal David Barillas Díaz et à mettre en place sans attendre une politique publique globale de protection des défenseurs des droits humains dans le pays.
Ronal David Barillas Díaz était un leader indigène Xinka, membre du Parlement Xinka et membre du Comité des communautés touchées par l’industrie sucrière (Coordinadora Comunitaria de Afectados por la Industria de la Azúcar), une association qui rassemble plus de 70 communautés dans les départements d’Escuintla, Santa Rosa et Jutiapa. Il avait dénoncé l’impact environnemental des activités de l’agro-industrie sucrière dans sa région, avait parfois collaboré avec le Comité pour la défense de la nature (CODIDENA) qui s’oppose au projet minier d’El Escobal (mine de San Rafael) et avait dénoncé l’absence de consultation libre, préalable et éclairée des communautés vivant aux alentours de la mine.
Son assassinat ne fait qu’accroître l’incertitude, la peur et le danger pour sa communauté et les organisations au sein desquelles il travaillait. En consultation avec les défenseurs des droits humains et les organisations de la société civile, les autorités guatémaltèques doivent adopter des mesures de protection afin de garantir la sécurité et l’intégrité physique et psychologique des défenseurs, notamment ceux qui travaillent sur les droits à la terre et à un environnement sain, et sur les droits liés à l’accès à la terre. Le Guatemala doit adopter sans délai une politique globale de protection des défenseurs des droits humains, fondée sur les critères définis par la Cour interaméricaine des droits de l’homme dans l’affaire Défenseur des droits humains et autres vs. Guatemala.
Enfin, Amnesty International demande au procureur des droits de l’homme du Guatemala de veiller à ce que l’enquête sur l’homicide de Ronal David Barillas Díaz soit approfondie, indépendante et impartiale, en vue d’identifier et de traduire en justice ceux qui ont perpétré son assassinat, mais aussi ceux qui l’ont ordonné.
L’enquête doit déterminer s’il a été tué à titre de représailles pour son travail en faveur des droits fondamentaux. Si les autorités ne mènent pas à bien ces investigations, elles adresseront un message inquiétant : les attaques contre les défenseurs des droits humains sont tolérées et les responsables n’ont pas à en assumer les conséquences. Le bureau du procureur général doit adopter et rendre publique l’Instruction générale du protocole pour les enquêtes sur les crimes visant les défenseurs des droits humains, élaborée en collaboration avec les organisations de la société civile au Guatemala.