Guinée équatoriale : Il faut libérer un dessinateur détenu sans inculpation depuis deux mois

Il faut que les autorités équato-guinéennes libèrent immédiatement et sans condition un dessinateur humoristique et détracteur du régime qui est en prison depuis deux mois pour avoir dénoncé des violations des droits humains commises dans le pays

Ramón Esono Ebalé a été arrêté le 16 septembre 2017 à Malabo, la capitale. Bien que le droit équato-guinéen interdise de détenir un suspect sans inculpation pendant plus de 72 heures, Ramón Esono Ebalé se trouve dans cette situation depuis deux mois. Selon le ministère public, des témoins l’ont accusé de diriger une organisation se livrant au blanchiment d’argent et au faux-monnayage, ce que l’intéressé nie catégoriquement.

« Dans ce nouveau cas d’arrestation et de détention arbitraires, les autorités équato-guinéennes ont porté des accusations infondées contre Ramón Esono Ebalé, qui exerçait simplement son droit à la liberté d’expression à travers son art, a déclaré Marta Colomer, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« Cet homme est un prisonnier d’opinion qui languit en prison depuis 60 jours, simplement en raison de son militantisme pacifique. Il doit être libéré immédiatement et sans condition. »

Le tribunal n’a pas encore répondu à la requête soumise par les avocats de Ramón Esono Ebalé le 9 octobre, dans laquelle ils demandaient à procéder à un contre-interrogatoire des témoins. En effet, ils sont convaincus que les charges pesant sur leur client seront abandonnées s’ils prouvent que les témoins font de fausses déclarations, mais ils craignent que les autorités soient en train de retarder la procédure afin de le maintenir en prison.

Si le tribunal ne se prononce pas d’ici au 30 novembre, fin de l’année judiciaire en Guinée équatoriale, Ramón Esono Ebalé pourrait demeurer derrière les barreaux au moins jusqu’au 16 janvier prochain.

Son épouse, Eloísa Vaello Marco, qui se trouve à l’étranger, a expliqué à Amnesty International :

« Ramón met en scène le régime équato-guinéen dans ses dessins satiriques et dénonce ce qu’il considère comme injuste. Il le fait avec un sens de l’humour intelligent et une profonde sincérité. Ses outils sont les images, les dessins, les vidéos, les illustrations et les animations. »

Affectée par l’absence de contact avec son mari depuis l’arrestation, elle a ajouté :

« Ça me fait beaucoup de mal. Depuis qu’il est en prison, je n’ai pu lui parler qu’une fois. C’était au moment de l’audience. Il n’y a eu que quelques mots. Depuis, la communication est impossible mais j’essaie de lui faire parvenir des messages pour lui donner force et confiance par l’intermédiaire de ses sœurs, à qui je parle tous les jours. »

La famille de Ramón Esono Ebalé à Malabo peut lui rendre visite en prison. Elle a indiqué à Amnesty International qu’il était en bonne santé, avait le moral et pouvait continuer à dessiner.

L’une de ses sœurs a dit :

« Il y a des moments de tristesse mais nous essayons de rester forts. Son fils de 17 ans, qui est ici avec nous, s’est mis à pleurer la première fois qu’il lui a rendu visite en prison. Nous sommes tous convaincus que mon frère ne se livre pas au faux-monnayage. Il s’agit tout simplement d’une accusation fallacieuse et ceci est très clair depuis le jour même de son arrestation. »

Le 2 novembre, Cartoonists Rights Network International a annoncé que Ramón Esono Ebalé était le lauréat 2017 du prix Courage dans le dessin de presse. Cette récompense est décernée à des dessinateurs humoristiques ayant fait preuve d’un courage et d’une abnégation exceptionnels dans l’exercice de leur profession et du droit à la liberté d’expression.

« Cela fait de nombreuses années que nous assistons à des arrestations et détentions arbitraires dont le but est de faire taire les voix dissidentes en Guinée équatoriale, a déclaré Marta Colomer.

« Il faut mettre fin à ces pratiques, et la libération de Ramón Esono Ebalé serait un premier pas bienvenu. »

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