Communiqué de presse

Guinée équatoriale. Des proches de deux prisonniers évadés sont détenus sans inculpation ni jugement depuis un an

Au moment où la Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole, fête sa 43e année d’indépendance, des violations des droits humains continuent d’être perpétrées dans ce pays, et notamment des prises d’otages, des arrestations arbitraires et des détentions au secret sans inculpation ni jugement. Au moins 30 personnes sont encore détenues sans inculpation ni jugement, après avoir été arrêtées en octobre et novembre 2010. La plupart d’entre elles semblent avoir été arrêtées parce qu’elles font partie de l’entourage familial et amical de deux prisonniers politiques qui se sont échappés le 12 octobre 2010 de la prison d’Evinayong, sur le continent. À ce jour, elles sont toujours détenues au secret, sans pouvoir consulter un avocat, rencontrer les membres de leurs familles ou bénéficier de soins médicaux.

Les prisonniers, dont plusieurs femmes et un nourrisson, sont des proches et des amis des deux prisonniers évadés et des personnes soupçonnées d’avoir facilité l’évasion des prisonniers.

Une centaine de personnes auraient été arrêtées sans mandat à Bata ou aux alentours de cette ville, sur le continent, en octobre et au début du mois de novembre 2010, après l’évasion de deux prisonniers de la prison d’Evinayong le 12 octobre 2010 ou aux environs de cette date. On compte notamment parmi les personnes arrêtées de proches parents et des connaissances des prisonniers évadés, des proches des personnes soupçonnées d’avoir facilité l’évasion des prisonniers ainsi que les familles de quatre soldats et le responsable de la prison d’Evinayong, qui se serait échappé avec les prisonniers. Des soldats, des gardiens de prison et le commandant militaire de la province du Centre-Sud ont également été arrêtés à la prison d’Evinayong. La majorité des prisonniers sont incarcérés à la prison de Bata et quelques militaires sont détenus à la caserne Tres de Agosto, également à Bata.

On compte notamment parmi les personnes détenues à la prison de Bata la femme et la sœur de l’un des prisonniers évadés, Felipe « Pancho » Esono Ntutumu. Les deux femmes ont été arrêtées séparément autour du 20 octobre 2010, parce qu’elles avaient été en contact avec Felipe Esono pendant qu’il était en prison. Son frère, un militaire, a été arrêté à Luba, sur l’île de Bioko, où il était en poste ; il a d’abord été emmené à la prison de Bata, puis a été transféré à la caserne Tres de Agosto. Il est accusé d’avoir fourni les moyens nécessaires à l’évasion, qui n’ont pas été précisés.

La femme du conducteur qui aurait emmené les prisonniers loin de la prison d’Evinayong est également détenue à la prison de Bata avec son fils, qui était âgé de six mois au moment de l’arrestation. Elle a été arrêtée le 15 octobre 2010 dans le village de Ntobo, à environ cinq kilomètres au sud de Bata, par des policiers venus arrêter son mari. Ne le trouvant pas, ils l’ont interpellée ainsi que plusieurs autres habitants du village, et les ont emmenés à la prison de Bata, où ils sont encore détenus à ce jour sans pouvoir contacter leur famille ni des avocats.

Amnesty International a reçu de nombreux témoignages selon lesquels les autorités arrêtent et détiennent fréquemment les proches de personnes recherchées jusqu’à ce que ces dernières se rendent ou soient arrêtées. Cette pratique revient à garder des proches en otage et l’organisation appelle les autorités de la Guinée équatoriale à y mettre fin immédiatement.

Amnesty International a été informée que l’un des prisonniers détenus à la prison de Bata, un lieutenant de l’armée atteint du diabète, a été privé de soins médicaux jusqu’en janvier 2011, date à laquelle son état s’est aggravé.

Les arrestations sans mandat et la détention au secret prolongée sans inculpation sont contraires à l’interdiction des arrestations arbitraires et au droit de recevoir notification, dans le plus court délai, de toute accusation contre soi. Ces droits sont inscrits dans le droit équato-guinéen et dans deux textes auxquels la Guinée équatoriale est partie : le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

Amnesty International s’inquiète de ce que ces détenus n’ont toujours pas pu voir un avocat, leur famille ou un médecin, et appelle les autorités de la Guinée équatoriale à respecter leurs obligations en vertu du droit international en matière de droits humains et à accorder sans plus attendre à ces prisonniers la possibilité de voir leur famille, de consulter des avocats et de recevoir des soins médicaux.

Amnesty International demande que ces détenus soient relâchés immédiatement à moins qu’ils ne soient inculpés dans le plus court délai d’une infraction prévue par la loi et déférés sans retard à la justice, pour être jugés conformément aux normes internationales en matière de droits humains.

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