Index AI : AMR 35/001/2004
ÉFAI
Vendredi 6 février 2004
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Ce vendredi 6 février 2004, Amnesty International a exhorté le président du
Guyana à ouvrir sans délai une enquête sur les allégations selon lesquelles
un escadron de la mort a torturé, fait « disparaître » et tué des dizaines
de personnes depuis 2002.
« De graves allégations autorisant à penser que des membres des forces de
sécurité seraient mêlés à des homicides illégaux circulent actuellement au
sein de la société guyanienne. Dans un souci de protéger les droits humains
et la sécurité de tous les Guyaniens, le gouvernement doit prendre
immédiatement des mesures visant à prévenir de nouveaux homicides et veiller
à ce que les coupables soient identifiés et déférés à la justice », a
déclaré Amnesty International.
Le gouvernement du Guyana se doit de faire savoir avec fermeté qu’il ne
tolèrera pas de tels crimes et mettre l’accent sur l’importance du caractère
exhaustif et indépendant de l’enquête.
Amnesty International l’engage à rechercher toute l’assistance requise en
vue de contribuer à entreprendre cette enquête, notamment en sollicitant les
services d’experts dans des domaines tels que la pathologie légale, la
criminalistique et la balistique.
Complément d’information
Au cours des dernières semaines, la presse guyanienne s’est largement fait
l’écho des informations émanant de diverses sources qui ont fait état de
l’existence d’un escadron de la mort.
Présenté devant l’Assemblée nationale en décembre 2003, un récent rapport de
la Disciplined Forces Commission (chargée d’enquêter sur les plaintes
déposées contre les forces de sécurité) faisait référence à la possible
existence d’un escadron « fantôme ». En janvier 2004, George Bacchus a
déclaré qu’il avait été un informateur de ce groupe et a accusé le ministre
de l’Intérieur d’y être probablement mêlé. En outre, il a affirmé que trois
hommes inculpés du meurtre de son frère, Shafeek Bacchus, perpétré le 5
janvier 2004, étaient membres de cet escadron.
Deux d’entre eux sont d’anciens policiers, dont l’un a trouvé la mort dans
des circonstances controversées à l’hôpital de Georgetown, le 1er février
2004.
Certaines informations donnent à penser que cet escadron de la mort s’est
constitué à la suite d’une vague de crime organisé en 2002. Il aurait tué
des criminels présumés, ou ceux qui entretenaient des liens avec des
criminels connus, dont plusieurs hommes s’étant évadés de la prison de
Georgetown le 23 février 2002. Selon certaines sources, les corps de
plusieurs victimes n’ont pas encore été découverts, tandis que d’autres
portaient semble-t-il des marques de torture.