Index AI : AMR 35/004/2004
ÉFAI
Vendredi 25 juin 2004
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
« Le meurtre de George Bacchus, informateur d’un escadron de la mort selon
ses propres dires, deux jours avant qu’il ne doive être entendu dans le
cadre d’une procédure judiciaire souligne une fois de plus le besoin urgent
d’un plan d’action destiné à protéger les témoins au Guyana », a déclaré
Amnesty International aujourd’hui, vendredi 25 juin 2004.
« Depuis que des allégations sur l’existence d’un escadron de la mort au
Guyana ont été portées il y a six mois, Amnesty International a exhorté à
plusieurs reprises les autorités du Guyana à prendre des mesures pour
protéger les personnes impliquées dans les enquêtes concernant des meurtres,
des “disparitions” et d’autres infractions. »
George Bacchus devait témoigner cette semaine dans le cadre d’une
information judiciaire mettant en cause deux policiers accusés du meurtre de
son frère, Shafeek, le 5 janvier 2004. Bacchus disait que c’est lui-même qui
en fait était visé et que les coupables appartenaient à l’escadron de la
mort. Des tireurs auraient fait effraction dans la maison de Bacchus très
tôt jeudi matin et l’auraient abattu.
Mercredi, la présidente du tribunal de première instance chargée de
l’information judiciaire avait démissionné, citant des informations selon
lesquelles elle figurait sur la liste des personnes à abattre de l’escadron
de la mort.
« Les autorités du Guyana ont l’obligation juridique de réagir et d’ordonner
des enquêtes complètes et impartiales sur ces derniers événements ainsi que
sur les allégations crédibles selon lesquelles un escadron de la mort aurait
assassiné, fait “disparaître” et torturé de nombreuses personnes depuis
2002. Les responsables doivent être traduits en justice.
« Du fait d’informations faisant état de l’implication de membres des forces
de sécurité, ni la police du Guyana ni le ministère de la sécurité nationale
ne doivent participer à ces enquêtes ou être mêlés aux mesures destinées à
protéger les témoins. Les autorités doivent protéger les familles des
victimes, les magistrats, les avocats, les journalistes, les policiers et
les militants des droits humains contre toute forme d’intimidation », a
conclu Amnesty International.
Contexte
En janvier 2004, George Bacchus a affirmé publiquement qu’il existait un
escadron de la mort ou des escadrons comportant des policiers et d’anciens
policiers. Le 7 mai, le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il quitterait
son bureau pour permettre le déroulement d’une enquête après que Bacchus a
allégué que le ministre était impliqué dans l’escadron. Le 15 mai, le
président du Guyana a annoncé l’ouverture d’une enquête, conformément à la
loi 1933 portant sur les commissions d’enquête. Mais l’enquête n’a pas
encore commencé. Une personne accusée du meurtre de Shafeek Bacchus est
morte en détention le 1er février 2004.