HAÏTI : Après trois ans, aucun des instigateurs du meurtre de Jean Dominique n’a encore été identifié

Index AI : AMR 36/004/2003

À l’occasion du troisième anniversaire de la mort du journaliste et militant Jean Dominique et du gardien de la station de radio Jean Claude Louissaint, Amnesty International renouvelle son appel pour qu’une enquête approfondie et impartiale soit menée sur cette affaire, afin que justice puisse être rendue.
« Pour que justice soit rendue, il faut que toute la vérité soit établie, a déclaré l’organisation. L’acte d’inculpation émis par le juge Bernard Saint Vil le 21 mars est un pas important - mais outre les personnes soupçonnées d’être les auteurs du crime, ceux qui ont planifié et ordonné les meurtres doivent être traduits en justice. Dans tous les autres cas, il ne saurait y avoir justice pleine et entière. »
Jean Dominique et Jean Claude Louissaint ont été attaqués et abattus par des personnes qui n’ont pas été identifiées, devant la station de radio de Jean Dominique, Radio Haïti Inter, le 3 avril 2000. L’attaque perpétrée contre ce journaliste très connu pour ses positions franches et qui avait survécu à des dizaines d’années de dictature, a eu de nombreuses répercussions.
« Le meurtre de Jean Dominique a marqué le début d’un déclin important du respect des droits humains à Haïti, a déclaré Amnesty International. Depuis sa mort, les menaces et les attaques contre des journalistes, des défenseurs des droits humains et des officiers de justice sont devenues monnaie courante, tandis que le système judiciaire se politisait de plus en plus. La police est de plus en plus perçue comme une force partisane et des groupes armés illégaux perpétuent de plus en plus d’atteintes aux droits humains en toute impunité.
« Si la justice se montrait totalement impartiale dans cette affaire particulièrement connue, cela pourrait permettre, à terme, d’inverser ces tendances dangereuses pour Haïti, a ajouté l’organisation. Toutefois, les autorités semblent réticentes à faire face à ces questions. Elles ont opté pour des demi-mesures ; cette affaire est trop importante pour que l’on s’en contente. »

Complément d’information
L’enquête sur ces deux morts a duré trois ans et a été marquée par des violences et des menaces. L’un des suspects a été lynché, un autre serait mort dans des circonstances controversées. Plusieurs juges chargés de l’enquête ont démissionné après avoir reçu des menaces ; l’un deux, Claudy Gassant, a fui Haïti par crainte pour sa sécurité après que le président n’ait pas renouvelé son mandat d’instruction. En 2001, Gassant avait émis un acte d’inculpation à l’encontre de plusieurs suspects, dont un sénateur haïtien influent, dont le nom a ensuite disparu de tout document.
La veuve de Jean Dominique, Michèle Montas, n’a cessé de réclamer justice. Elle a été menacée de mort à plusieurs reprises ; à Noël 2002, elle a échappé à un attentat au cours duquel son garde du corps, Maxime Séïde, a été tué. Le 22 février, elle a pris la décision avec l’ensemble du personnel de Radio Haïti Inter de fermer la station pour un temps indéterminé à cause des menaces dont ils étaient l’objet.

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