Haïti, Il faut enquêter sur l’assassinat du président haïtien et sur les violations des droits humains

Haïti Assissinat président

L’attaque armée survenue dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 qui aurait provoqué la mort du président haïtien Jovenel Moïse et blessé son épouse est un effroyable révélateur de la grave crise politique et des droits humains à laquelle Haïti est confronté depuis des années, et doit faire l’objet de toute urgence d’une enquête impartiale, de même que les violations graves et persistantes des droits humains dans ce pays.

« Une enquête impartiale doit être immédiatement ouverte sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, ainsi que sur les graves violations des droits humains et l’impunité chronique dont la population a été victime sous sa présidence », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International.

« C’est un véritable coup de semonce pour la communauté internationale, ainsi que pour les autorités haïtiennes, qui ont cautionné l’impunité chronique et ignoré les appels des défenseur·e·s des droits humains, ouvrant la voie à une crise d’une telle gravité. »

Amnesty International s’inquiète de l’escalade possible de la violence dans les prochains jours et va suivre attentivement toutes les manifestations et les attaques contre des défenseur·e·s des droits humains ou des citoyen·ne·s ordinaires qui pourraient s’ensuivre. Elle appelle les autorités haïtiennes à mettre les droits humains au cœur de leur réponse à la crise politique.

La communauté internationale doit aussi apporter toute l’aide nécessaire à Haïti afin que des solutions soient trouvées pour garantir une désescalade de la violence et protéger les droits fondamentaux, notamment ceux des journalistes et des défenseur·e·s des droits humains. Par ailleurs, les États ont l’obligation de permettre à toutes les personnes qui quittent le pays en quête d’une protection internationale de demander l’asile.

Complément d’information

Les manifestations et la violence généralisées sont constantes en Haïti depuis au moins 2019, comme Amnesty International en a rendu compte ces dernières années.

Dans ce contexte, les attaques contre les défenseur·e·s des droits humains et les journalistes se multiplient.

En juillet, le Comité pour la protection des journalistes a condamné [1] l’assassinat du journaliste Diego Charles. Une militante, Antoinette Duclair, a aussi été tuée. En mai, Amnesty International a également dénoncé la situation de Milostène Castin, défenseur des droits des paysans pratiquant une agriculture de subsistance qui sont la cible de saisies de terres, de déplacements et d’attaques violentes dans le nord-est d’Haïti.

L’Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité (OHCCH) et la Clinique internationale de défense des droits humains de la faculté de droit de Harvard ont aussi publié en avril un rapport [2] dénonçant la complicité présumée des autorités haïtiennes dans trois massacres survenus entre 2018 et 2020 dans des quartiers pauvres. Ce rapport montre que ces attaques, menées par des gangs, ont été cautionnées par des acteurs étatiques, dont le président Jovenel Moïse, et suggère que ces actes pourraient constituer des crimes contre l’humanité.

Dans un rapport [3] publié en janvier 2021, l’ONU a constaté une forte augmentation des violations des droits humains et des atteintes au droit à la vie pendant les manifestations de 2018 et 2019, et a appelé les autorités à s’attaquer aux préoccupations de fond telles que l’impunité, la corruption, les inégalités structurelles et le niveau de vie insuffisant afin de rétablir la confiance envers le gouvernement et d’éviter de futurs troubles sociaux. Des organisations de la société civile, comme l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti (IJDH), ont dénoncé à maintes reprises l’impunité chronique et les dysfonctionnements de la justice dans le pays, notamment lors d’une audience [4] devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme en décembre 2020.

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