HAÏTI : Préparatifs en cours en vue d’un possible afflux de réfugiés alors que des

HAÏTI : Préparatifs en cours en vue d’un possible afflux de réfugiés alors que des
auteurs d’atteintes aux droits humains ont pris la tête des forces armées
rebelles

Index AI : AMR 36/007/2004

Mercredi 18 février 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

L’union de Louis Jodel Chamblain, notoirement connu pour avoir perpétré des
atteintes aux droits humains, et de ses partisans avec les rebelles armés,
accusés de violences passées dans la région du Plateau Central, créerait une
nouvelle grave menace pour le respect des droits humains en Haïti, a déclaré
Amnesty International ce mercredi 18 février 2004.

Ces deux derniers jours, l’ancien dirigeant paramilitaire Louis Jodel
Chamblain, reconnu coupable d’implication dans l’assassinat d’un militant
connu pour ses positions en faveur de la démocratie il y a dix ans, a mené
plusieurs attaques dans la région du Plateau Central à la tête d’un groupe
d’anciens soldats de l’armée haïtienne, totalement désorganisée. Amnesty
International avait dénoncé les atteintes aux droits humains commises lors
d’un certain nombre d’attaques menées, semble-t-il, par d’anciens soldats
dans cette région, notamment l’embuscade de juillet 2003 dans laquelle
quatre employés du ministère de l’Intérieur avaient trouvé la mort.

« Au fur et à mesure que les forces rebelles, avec à leur tête des personnes
reconnues coupables d’atteintes aux droits humains, élargissent leur zone de
contrôle au centre et au nord du pays et que la population des régions
touchées se retrouve coupée de tout approvisionnement en nourriture et en
médicaments, les craintes d’un exode massif de population d’Haïti vont aller
en s’amplifiant », a souligné Amnesty international.

Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés a proposé une aide
aux pays voisins pour l’élaboration de plans d’urgence en cas d’afflux
massif de Haïtiens.

Les autorités de la République Dominicaine voisine auraient fermé les points
de passage à la frontière des zones affectées par le conflit.

Des responsables américains ont déclaré que les États-Unis envisageaient de
mettre en place un camp à l’intérieur de la base militaire américaine de
Guantánamo Bay pour y loger temporairement les Haïtiens qui seraient
interceptés lors de leur fuite par bateau vers les États-Unis.

« Étant donné ce qui s’est passé il y a une douzaine d’années, lorsque les
Haïtiens ont été interdits de haute mer par les forces armées américaines et
lorsque ceux qui étaient interceptés étaient transférés à Guantánamo Bay et
soumis à une procédure de « filtrage » inadaptée à des demandeurs d’asile,
le risque de voir les droits des demandeurs d’asile bafoués est bien réel
dans l’hypothèse d’un exode massif de la population haïtienne, a déclaré
Amnesty International.

« Les autorités américaines, et celles d’autres pays voisins, doivent
veiller à respecter leur obligations au regard du droit international
relatif aux réfugiés dans leurs plans en prévision d’un possible afflux de
réfugiés en provenance d’Haïti, de façon à ne commettre aucun manquement à
leurs devoirs vis-à-vis des Haïtiens fuyant leur pays. »

Complément d’information

En septembre 1995, Chamblain faisait partie des sept hauts dirigeants
militaires et paramilitaires reconnus coupables par contumace et condamnés
aux travaux forcés à perpétuité pour leur implication dans l’exécution
extrajudiciaire, en septembre 1993, d’Antoine Izméry, militant connu pour
ses positions en faveur de la démocratie. Chamblain était parti en exil pour
échapper aux poursuites.

Antoine Izméry a été abattu par balles à l’église du Sacré Cœur de
Port-au-Prince, le 11 septembre 1993, lors d’une messe à laquelle il
assistait. L’office se tenait en mémoire du cinquième anniversaire du
massacre commis lors de l’attaque contre Aristide, alors simple prêtre, le
11 septembre 1988 à l’église Saint Jean Bosco de La Saline, un bidonville
situé dans la banlieue de la capitale.

Chamblain aurait rejoint les dirigeants de l’opposition armée basée aux
Gonaïves. Un autre de ces dirigeants, Jean Pierre Baptiste, alias « Jean
Tatoune », est également un ancien chef paramilitaire, condamné aux travaux
forcés à perpétuité pour sa participation au massacre de Raboteau en 1994.

Louis Jodel Chamblain et Jean Tatoune font tous deux partie de
l’organisation paramilitaire des FRAPH, formée par les autorités militaires
qui se sont trouvées de facto à la tête du pays après le coup d’État de 1991
contre le président Jean Bertrand Aristide. Les membres du FRAPH ont été
reconnus responsables de très nombreuses atteintes aux droits humains avant
le rétablissement d’une structure de gouvernement démocratique en 1994.

Après l’attaque du 5 février dans la ville d’Artibonite aux Gonaïves, les
troubles se sont étendus à près d’une douzaine d’autres villes dans le
centre et le nord d’Haïti. L’inquiétude grandit au sujet de la situation
humanitaire des villes sous contrôle des forces anti-gouvernementales et des
zones coupées du reste du pays à cause du conflit.

Selon les informations qui nous sont parvenues au sujet de l’attaque rebelle
du 16 février sur Hinche, principale ville de la région du Plateau Central,
d’anciens soldats se seraient trouvés parmi les assaillants en uniforme qui
ont pris le contrôle de la ville sous la direction de Chamblain. Le
commissaire de police et deux autres personnes auraient été tués par les
assaillants, d’autres policiers auraient fui. Les rebelles ont incendié le
poste de police et libéré les détenus de la prison de Hinche, ils auraient
également incendié les commissariats des villes voisines de Maissade et
Pandiassou.

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