Communiqué de presse

Haïti. Un manifestant « battu à mort par la police » après l’attaque d’un camp

Une enquête approfondie et impartiale doit être ouverte sur les allégations selon lesquelles un homme est mort sous les coups des policiers après avoir participé à une manifestation contre l’incendie volontaire d’un camp de personnes déplacées dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, a déclaré Amnesty International.

Civil Merius, qui vivait dans ce camp, aurait été passé à tabac après avoir été arrêté par la police lundi 15 avril 2013 alors qu’il manifestait contre l’incendie volontaire du camp et l’absence de réaction de la police à cette attaque. Il est mort en garde à vue peu de temps après.

Un autre habitant du camp, Darlin Lexima, qui a indiqué à Amnesty International n’avoir pas pris part à la manifestation, a lui aussi été frappé puis placé en garde à vue. Il a été remis en liberté sans inculpation le lendemain après-midi.

L’incendie volontaire est survenu moins de 48 heures après que le propriétaire d’une partie des terres sur lesquelles le camp est installé eut menacé les résidents de « recourir à tous les moyens possibles pour les expulser ».

« Ce terrible événement montre bien les conséquences que peuvent avoir les expulsions forcées incessantes en Haïti », a déclaré Javier Zúñiga, conseiller spécial d’Amnesty International. « Les autorités haïtiennes doivent mener dans les plus brefs délais une enquête exhaustive, impartiale et indépendante sur la mort de Civil Merius, le passage à tabac de Darlin Lexima, l’incendie volontaire du camp et les menaces d’expulsion forcée. »

Amnesty International sait que l’avocat de la victime doute particulièrement de la capacité du système judiciaire haïtien à enquêter sur cet homicide. Ces derniers mois, dans des affaires de morts suspectes, des autopsies n’ont pas pu être réalisées en raison du manque de moyens humains et matériels.

« Malheureusement, cette affaire est symptomatique de la situation d’impuissance dans laquelle se trouvent les milliers de personnes qui vivent encore dans des camps de personnes déplacées. Les autorités haïtiennes doivent absolument mettre en œuvre tous les moyens dont elles disposent pour enquêter sur les faits dans le respect des normes internationales », a ajouté Javier Zúñiga.

L’attaque contre le camp a commencé vers deux heures du matin lundi 15 avril, quand un groupe de motards non identifiés a tenté de mettre le feu au camp Acra et Adoquin Delmas 33. Selon ses habitants, ce camp provisoire situé dans le quartier de Delmas, à Port-au-Prince, accueille plus de 30 000 personnes.

Environ sept tentes ont été incendiées, mais les habitants sont parvenus à éteindre le feu et personne n’a été blessé. Les habitants sont ensuite allés au poste de police le plus proche, à Delmas 33, pour demander de l’aide. Comme les policiers refusaient de les accompagner, prétextant un manque de moyens, une manifestation spontanée s’est créée.

Des délégués d’Amnesty International qui se trouvent actuellement en Haïti ont pu s’entretenir avec des témoins, qui ont confirmé cette version des faits. Ils ont aussi pu rencontrer Darlin Lexima en garde à vue, et ont constaté qu’il souffrait de contusions à la poitrine, sur la joue et à l’oreille gauche. Il avait aussi le bras droit enflé.

Ces délégués sont actuellement en Haïti pour le lancement d’un rapport exhaustif sur les expulsions forcées dans les camps de personnes déplacées, où vivent toujours les victimes du tremblement de terre de 2010. Ce rapport sera rendu public mardi 23 avril 2013.

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