Histoire de la Birmanie

De 1826 à 1988

C’est en 1826 que les Anglais s’emparent de Rangoon. Après les guerres de 1852 et 1885 la Birmanie devient, au 1er janvier 1886, province de l’Empire indien. Au début du XXe siècle la Grande-Bretagne favorise le morcellement du pays. La première véritable rébellion contre les Anglais remonte à 1930. De jeunes intellectuels attirés par les doctrines marxistes et socialistes déclenchent une grève, en 1936, suivie de violentes manifestations, en 1938.

En août 1946 commencent à Londres les négociations entre Attlee, Premier ministre britannique et le général Aung San (père d’Aung San Suu Kyi). Elles aboutissent à un accord prévoyant l’indépendance du pays un an plus tard et des élections générales en avril 1947 pour former une assemblée. Malheureusement Aung San est assassiné le 19 juillet 1947.

Le 24 septembre de cette même année, la nouvelle constitution de l’Union birmane est adoptée à l’unanimité. Le 4 janvier 1948, la Birmanie devient une république indépendante et U Nu en est le premier dirigeant. Mais ce dernier est impuissant à résoudre les problèmes auxquels il est confronté. Il est victime, le 2 mars 1962, d’un coup d’état fomenté par le général Ne Win. En 1964, le parti dirigé par Ne Win devient le seul parti autorisé dans le pays.

De la répression de 1988 A 2003

Dès lors Ne Win exerce une sévère répression intérieure sur l’ensemble du territoire. La loi martiale, décrétée le 21 juin 1988, est sa riposte à la révolte des étudiants et des intellectuels, provoquée par une seconde démonétisation. Mais Ne Win démissionne de la présidence du parti, dès le 23 juillet. Sein Lwin lui succède. Après 18 jours de répression, on dénombre 3000 morts dans le pays. L’anarchie s’installe. Une junte militaire de 19 membres forme alors le SLORC (State Law and Order Restoration Council), qui s’arroge tous les pouvoirs.

L’opposition essaie de présenter un front uni. C’est à ce moment que Aung San Suu Kyi, fille d’Aung San, gagne en popularité. Le gouvernement militaire est disposé à quitter le pouvoir après les élections nationales prévues pour mai 1990, afin d’engager le processus démocratique. Aung San Suu Kyi est assignée à résidence. Son parti, la NLD (National League for Democracy) obtient pourtant plus de 80 % des sièges.

Surpris par ce résultat, les militaires refusent de céder le pouvoir. Khin Nuynt est désormais l’âme de la ligne dure du régime en place. La Birmanie devient le Myanmar.

En mars 1992 la commission des Nations Unies pour les Droits Humains nomme un représentant permanent pour surveiller les évènements au Myanmar. Au cours de cette même année, une ouverture semble se profiler : le SLORC permet à Aung San Suu Kyi de revoir son mari et ses enfants, une centaine de membres de l’opposition sont libérés, les universités sont réouvertes. Cependant, chaque fois que les membres de l’opposition essaient de se regrouper pour former une alternative démocratique, le pouvoir les harcèle aussitôt, les empêche de se réunir, les emprisonne. En décembre 1996, les étudiants se soulèvent à Rangoon, puis à Mandalay. D’où une nouvelle fermeture des universités.

En novembre 1997, un remaniement au sein du régime transforme le SLORC en SPDC (State Peace and Development Council), mais rien ne change en pratique. Si Aung San Suu Kyi est libérée de sa résidence surveillée, le 6 mai 2002, de nombreux membres du NLD demeurent, en revanche, emprisonnés, et les activités du parti sont toujours autant contrôlés par la junte.

L’attaque de 2003

Les tensions politiques s’exacerbent au cours d’une tournée de la NLD dans le Haut Myanmar. Une violente attaque contre leurs dirigeants, le 30 mai 2003, est commanditée par la ligne dure du SPDC. Plusieurs dizaines de personnes sont tuées. U Tin Oo, et beaucoup d’autres membres sont alors arrêtés et Aung San Suu Kyi assignée à résidence.
Suite à la pression internationale qui a suivi l’arrestation du prix Nobel de la Paix, les autorités de Rangoon sont obligées de faire preuve de bonne volonté. En août 2004, le SPDC annonce par la voix de Khin Nyunt, devenu Premier Ministre tout en restant chef des Services du Renseignement Militaire, une feuille de route en 7 points pour la réconciliation nationale.
La première étape consiste en l’organisation d’une Convention Nationale, interrompue en 1996, chargée de rédiger une constitution. Les membres de cette Convention sont triés sur le volet et la NLD n’est pas invitée. L’éviction de ce parti entraîne de nombreuses critiques de la communauté internationale.
Le 18 septembre 2004 est le jour anniversaire de la reprise du pouvoir en 1988 par les militaires. Than Shwe, président du SPDC, choisit ce jour pour opérer un remaniement majeur au sein du gouvernement. Il remplace le ministre expérimenté aux Affaires étrangères, Win Aung et son secrétaire d’état Khin Maung Win, par deux officiers de grade inférieur, totalement inconnus et inexpérimentés en diplomatie. Cela prouve que Rangoon fait peu de cas de ses relations avec la communauté internationale.
Ces mouvements indiquent que les partisans de la ligne dure, incarnée par Than Shwe, resserrent les rangs en éliminant les « pragmatiques » qui sont liés au Lieutenant-Général Khin Nyunt. Win Aung était connu pour être un proche confident de Khin Nyunt, alors que son remplaçant Nyan Win (jusqu’à présent en charge d’un camp d’entraînement militaire) est un fidèle de Than Shwe. Les « pragmatiques » souhaitent que le processus de réconciliation s’engage avec Aung San Suu Kyi, avec l’appui de la communauté internationale.

2005

Ce remaniement est également un geste fort, destiné à répondre aux menaces de l’Union européenne. En effet, durant l’été 2005, la pression internationale s’est renforcée avec, en point de mire, l’organisation du Sommet intergouvernemental de l’ASEM (Asia-Europe Meeting). L’UE et les Nations d’Asie du Sud Est étaient en désaccord au sujet des modalités de la participation de la Birmanie. L’union européenne refusait la présence du pouvoir militaire birman. Un accord avait initialement été trouvé pour une représentation d’échelon inférieur, en la personne du Ministre des Affaires étrangères.
Le 18 octobre, Khin Nyunt lui-même est démis de ses fonctions et assigné à résidence à Rangoon « pour corruption ».
Début juillet 2005, la Convention Nationale est ajournée sans même qu’une date soit indiquée pour la reprise des discussions. Cette suspension sans motifs laisse entrevoir que la junte ne s’accorde pas sur la finalité des objectifs de la « feuille de route ».

La situation politique demeure très tendue : la priorité du SPDC est de mettre en place la feuille de route vers la démocratie, proposée par l’ancien Premier ministre Khin Nuynt. Ce processus continue, malgré l’absence des partis politiques importants comme la NLD, et les groupes ayant signé un cessez-le-feu.

La 3° session de la Convention Nationale commence le 5 décembre 2005. Elle doit élaborer une nouvelle constitution, qui devra être ensuite approuvé par référendum, puis suivie d’élections législatives. La NLD refuse de se joindre à la Convention Nationale, parce que certaines conditions souhaitées ne sont pas remplies : la libération des deux dirigeants Aung San Suu Kyi et U Tin Oo, ainsi que la réouverture des bureaux de partis notamment. Dans le même temps la United Nationalities Alliance, une coalition de représentants politiques des différentes ethnies, refuse également sa participation

La période de résidence surveillée d’Aung San Suu Kyi vient à nouveau d’être prolongée de 6 mois.

Développements internationaux :

En juillet 2005, le SPDC renonce à la présidence de l’Association of South East Asian Nations qu’il aurait dû assurer en juillet 2006, prétextant qu’il désire concentrer toute son énergie à la « feuille de route » vers la démocratie. En fait, la junte subit d’énormes pressions internationales pour améliorer la situation des droits humains au Myanmar, intervention qu’elle qualifie de colonialiste...

En juin et en novembre 2005 l’Organisation Internationale du Travail s’est dite préoccupée par l’incapacité du SPDC à prendre des mesures contre le travail forcé non rémunéré, par les menaces, parfois mises à exécution, d’emprisonnement de personnes qui ont dénoncé le travail forcé, et par l’obstruction, enfin, des autorités du Myanmar à ces enquêtes. En mars 2006, le Conseil d’Administration de l’Organisation Internationale du Travail réexaminera si d’autres mesures contre le Myanmar doivent êtres prises si celui-ci continue à s’accommoder du travail forcé non rémunéré.

L’assemblée générale des Nations Unies a fait passer une résolution, en décembre 2005, dans laquelle elle exprime ses vives craintes devant les violations systématiques des droits humains au Myanmar. Le conseil de sécurité a demandé que le secrétaire général Kofi Annan évalue la situation des droits Humains au Myanmar.

Bibliographie :

 Birmanie, minorités et réfugiés de Christophe Russel.
 Grandir sous la dictature birmane, par Samuel Grumiau pour la CISL.
 Myanmar, Travesties of Justice : Continued Misuse of the Legal System. Amnesty International 12 décembre 2005.

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