« Les témoignages suggèrent que les cinq jeunes hommes ont été soumis à une disparition forcée, semble-t-il aux mains d’agents des forces de sécurité honduriennes. Si cela est confirmé, ce crime au regard du droit international marquerait le début d’un nouveau chapitre terrible de l’histoire récente du pays », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
« Nous demandons instamment au gouvernement de Juan Orlando Hernández de prendre de toute urgence les mesures qui s’imposent en vue de retrouver en vie les cinq hommes disparus, parmi lesquels quatre militants de la communauté garífuna membres de l’Organisation fraternelle noire du Honduras. Les autorités doivent également mener sans délai une enquête impartiale, indépendante et exhaustive en vue d’identifier et sanctionner les responsables de l’organisation et de l’exécution de ce crime. Nous ne pouvons pas permettre à l’impunité d’encourager des cycles sans fin de violence et de graves atteintes aux droits humains. »
Des témoins ont déclaré que, le 18 juillet, des personnes portant des uniformes de la police judiciaire avaient enlevé chez eux Alberth Snider Centeno Tomás, Suami Aparicio Mejía García, Gerardo Mizael Rochez Cálix et Milton Joel Martínez Álvarez, tous les quatre membres de l’Organisation fraternelle noire du Honduras, ainsi que Junior Rafael Juárez Mejía.
Amnesty International a envoyé une lettre ouverte au président Juan Orlando Hernández le 24 juillet, demandant que son gouvernement garantisse qu’il retrouverait les victimes, veillerait à ce que justice soit faite pour ces actes et fournirait une protection collective à la communauté garífuna de Triunfo de la Cruz.
« Il est indispensable que le président Juan Orlando Hernández fasse du sort des personnes et communautés qui défendent les droits humains une priorité »
Le 8 octobre 2015, la Cour interaméricaine des droits de l’homme avait rendu une décision en faveur de la communauté garífuna de Triunfo de la Cruz, déclarant l’État hondurien coupable de la violation du droit de la communauté à la propriété collective. Avant cela, le 28 avril 2006, la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait déjà accordé à la communauté de Triunfo de la Cruz des mesures conservatoires, demandant au gouvernement du Honduras de faire le nécessaire pour protéger le droit de la communauté à la propriété de ses terres ancestrales.
Dans un rapport publié le 29 juillet, l’organisation internationale Global Witness a classé le Honduras à la cinquième place du classement des pays les plus dangereux du monde pour les personnes défendant les droits à la terre et l’environnement, et à la première place de ce même classement établi en fonction du nombre d’habitants.
« Le gouvernement du Honduras doit immédiatement se conformer à ses obligations internationales, notamment en reconnaissant le territoire ancestral de la communauté garífuna, et mettre en œuvre un plan complet de protection collective qui permette de lutter contre les causes structurelles de la violence dont la communauté est victime », a déclaré Erika Guevara-Rosas.
« Il est indispensable que le président Juan Orlando Hernández fasse du sort des personnes et communautés qui défendent les droits humains une priorité, afin que ces terribles événements ne se reproduisent pas et que les communautés puissent défendre leurs droits sans craindre de représailles. »