Si son gouvernement a pris quelques mesures opportunes concrétisant certains engagements pris dans ce domaine, la présidente devra être plus ferme afin de rompre avec le sombre héritage laissé par les gouvernements antérieurs, a déclaré Amnesty International lors de l’envoi d’une lettre ouverte [1] à la présidente.
« Ces dernières années au Honduras ont été caractérisées par la violence d’État, la répression et l’impunité, tandis que les gouvernements faisaient totalement fi des droits humains. L’arrivée au pouvoir du gouvernement de Xiomara Castro, il y a un an, a représenté une occasion historique de changer de cap et de mettre les droits humains au cœur de l’action de l’État, mais ce changement n’a pas suffi à résoudre la grave crise à laquelle la population du Honduras est confrontée. Il est temps de redresser la barre », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
Dans le contexte de l’élection présidentielle de novembre 2021, Amnesty International avait envoyé aux personnes candidates une lettre [2] contenant sept points essentiels pour l’élaboration d’un programme gouvernemental s’appuyant sur les droits humains, notamment : le respect du droit de manifester pacifiquement ; l’éradication de l’impunité ; la création d’un environnement sûr pour la défense des droits humains ; la garantie du droit à la santé, notamment sexuelle et reproductive ; et l’élimination des discriminations et violences fondées sur le genre.
Un an après l’investiture de la présidente Xiomara Castro, Amnesty International a publié une nouvelle lettre ouverte décrivant certains motifs de préoccupation en matière de droits humains que l’organisation estime pressants, ainsi qu’une série de recommandations appelant l’État hondurien à respecter les obligations auxquelles il est tenu sur ce terrain en vertu du droit international.
« La violence à laquelle continuent à être confrontées les personnes défenseures des droits humains au Honduras, surtout lorsqu’elles défendent les territoires et l’environnement, est d’une extrême gravité. Le gouvernement de Xiomara Castro doit immédiatement prendre les mesures qui s’imposent et accorder une priorité élevée à leur protection et aux enquêtes sur les attaques et menaces ayant visé des défenseur·e·s et des responsables communautaires. Il est également urgent que cesse l’intervention des forces militarisées dans les rues, et que soient protégés les droits fondamentaux de groupes historiquement marginalisés, comme les femmes, les personnes LGBTIQ, les peuples autochtones et les personnes afro-honduriennes, entre autres », a déclaré Erika Guevara Rosas.
« Des milliers de personnes continuent à être déplacées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, fuyant la dévastation liée à la crise climatique, la violence, la pauvreté et les inégalités. Il est essentiel de s’attaquer aux causes structurelles de ces problématiques avec une perspective axée sur les droits humains afin qu‘il soit possible de vivre dignement au Honduras. »
Amnesty International réitère son intérêt pour un dialogue direct avec la présidente Xiomara Castro et son gouvernement, et sollicite une réunion le plus tôt possible afin de discuter des défis qui se présentent au Honduras sur le terrain des droits humains.