Honduras. Les actes d’intimidation contre les professionnels des médias et les manifestants se multiplient

ÉFAI
3 juillet 2009

Amnesty International a dénoncé l’intensification des violations des droits humains au Honduras et demandé aux forces de sécurité de respecter les droits fondamentaux et l’état de droit lors du retour du président ce week-end.

Des informations récentes semblent indiquer que des journalistes ayant publié des reportages sur la crise ou écrit des articles sur les manifestations et les multiples arrestations ont été la cible d’actes d’intimidation.
Des procureurs ont aussi signalé avoir reçu des menaces parce qu’ils avaient commencé à enquêter sur des violations des droits humains commises durant les manifestations.

Par ailleurs, six manifestants ont été arrêtés à El Progreso, puis remis en liberté sous caution après avoir été inculpés de rébellion.
Pour Amnesty International, ils n’avaient fait qu’exprimer pacifiquement leur opinion et les charges retenues contre eux ne visent qu’à les punir d’avoir pris part à la contestation.

L’organisation a également reçu des informations faisant état d’attaques contre des stations de radio nationales et locales.
Une grenade a été découverte dans les locaux de Radio América et une radio locale a dû cesser d’émettre après que ses locaux eurent été visés par des tirs d’arme à feu (une quinzaine au moins).
Craignant manifestement pour leur sécurité, de nombreux organes de la presse audiovisuelle ont suspendu leurs activités.
D’autres, comme la chaîne de télévision Canal 36, ont été fermés par les forces de sécurité.
Des informations ont fait état de la présence de militaires dans leurs locaux.

Amnesty International a demandé aux autorités d’ouvrir une enquête sur ces attaques et de faire en sorte que ces médias puissent effectuer leur travail sans danger ni craintes pour leur sécurité.
"La restriction de la liberté d’expression ne va faire qu’accroître la colère et la frustration", a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.
« Lors des opérations de maintien de l’ordre, l’armée et la police doivent veiller à utiliser la force de manière proportionnée et dans le respect des normes des Nations unies. Les citoyens doivent pouvoir manifester pacifiquement sans craindre d’être emprisonnés, poursuivis en justice ou ciblés par d’autres mesures de représailles. »

Amnesty International estime par ailleurs que le décret présidentiel instaurant officiellement l’état d’urgence, avec imposition d’un couvre-feu et suspension de certaines libertés et garanties individuelles, pourrait donner lieu, s’il est appliqué de manière abusive, à de nouvelles violations des droits humains.

Conformément à un avis de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, le Honduras reste dans l’obligation stricte, malgré les circonstances exceptionnelles, de protéger le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique et le droit de ne pas être soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements ; il doit aussi mettre en œuvre les garanties judiciaires essentielles pour la protection de ces droits, en particulier l’habeas corpus (procédure permettant la comparution immédiate d’un détenu devant une autorité judiciaire, afin de contester la légalité de la détention et de permettre ainsi une éventuelle remise en liberté).

La suspension de certaines garanties, notamment du droit à une procédure régulière, pourrait dans certains cas constituer une violation des traités régionaux et internationaux relatifs aux droits humains auxquels le Honduras est partie.
La Convention américaine relative aux droits de l’homme établit clairement qu’il ne doit être dérogé en aucune circonstance aux droits à la vie, à l’intégrité physique, à la liberté d’opinion et de religion, à la protection de la famille et à l’exercice des libertés politiques, ni aux garanties judiciaires permettant la protection de ces droits.

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