« Les menaces visant Hong Kong Watch sont le dernier exemple en date des tentatives du gouvernement hongkongais pour limiter les libertés d’expression et d’association au moyen de sa loi sur la sécurité nationale.
« Elles indiquent également une extension inquiétante de la répression aux organisations actives en dehors de Hong Kong, ce qui laisse penser que cette loi peut théoriquement être utilisée pour poursuivre quiconque sur la planète.
« Parallèlement, la fermeture du site Web de Hong Kong Watch sur place montre que les autorités recourent de plus en plus à la censure d’Internet pour éradiquer les opinions dissidentes – une tactique bien connue des autorités centrales chinoises.
« Les militant·e·s des droits humains, à Hong Kong et à l’extérieur, ne doivent jamais faire l’objet de manœuvres d’intimidation ni de poursuites pour le simple exercice de leur droit à la liberté d’expression. Les autorités hongkongaises doivent cesser leur campagne implacable menée contre les organisations de la société civile en appliquant toujours plus largement la loi sur la sécurité nationale », a déclaré Erwin van der Borght, directeur régional pour l’Asie et le Pacifique à Amnesty International.
Complément d’information
Hong Kong Watch a annoncé lundi 14 mars avoir reçu un courrier du Service de sécurité nationale adressée à son directeur Benedict Rogers et accusant l’organisation de se livrer à des activités « compromettant la sécurité nationale », notamment « un travail de pression auprès de pays étrangers pour qu’ils imposent des sanctions »et « d’autres activités hostiles ».
Celle-ci a précisé qu’elle était accusée d’avoir enfreint l’article 29 de la Loi relative à la sécurité nationale, qui rend passible de poursuites la collusion avec des forces étrangères, et que Benedict Rogers pourrait encourir de trois ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité pour cette infraction.
La police a confirmé avoir bloqué le site de Hong Kong Watch à Hong Kong en conséquence.
Le gouvernement hongkongais criminalise de plus en plus le travail des organisations de la société civile, en accusant de « collusion avec des forces étrangères » celles qui nouent des partenariats internationaux ou militent pacifiquement à l’échelle internationale.
Plus d’une centaine d’organisations travaillant à Hong Kong ont été contraintes de se dissoudre ou de partir face à des menaces similaires posées par la Loi relative à la sécurité nationale.
Parmi elles figurent le Front civil des droits de l’homme (CHRF), coalition d’organisations à l’origine de nombre des plus grandes manifestations qu’ait connues Hong Kong, l’Alliance hongkongaise de soutien aux mouvements patriotiques et démocratiques en Chine (HK Alliance), qui organisait la veillée commémorant la répression de Tiananmen depuis 30 ans, plusieurs syndicats et des médias indépendants.
La Loi relative à la sécurité nationale prévoit que ses dispositions sont applicables aux personnes qui n’habitent pas à Hong Kong, voire qui n’y sont jamais allées. Cela signifie que n’importe qui sur Terre, quelle que soit sa nationalité ou sa position géographique, peut techniquement être accusé d’avoir enfreint ce texte et être arrêté et poursuivi en justice s’il se trouve sur un territoire chinois, même en transit.