« L’emprisonnement de deux journalistes uniquement parce qu’ils ont fait leur travail marque un nouveau jour sombre pour la liberté de la presse à Hong Kong, a déclaré Sarah Brooks, directrice
pour la Chine à Amnesty International.
« Le fait qu’ils soient les premiers journalistes condamnés à une peine de prison en vertu d’une loi relative à la “sédition” datant de l’époque coloniale depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997 montre qu’il a rarement été aussi dangereux de travailler pour des médias dans la ville.
« Comme les nombreuses autres condamnations pour “sédition” et pour des accusations liées à la sécurité nationale qui ont été prononcées contre des militant·e·s, des enseignant·e·s et des avocat·e·s ces dernières années à Hong Kong, le jugement rendu aujourd’hui semble destiné à renforcer un “effet paralysant” qui dissuade les autres habitant·e·s de la ville – et au-delà – de critiquer les autorités. C’est le règne de la peur.
« À nouveau, nous appelons les autorités hongkongaises à cesser d’utiliser la législation sur la “sédition” et les autres lois relatives à la sécurité nationale comme prétexte pour réprimer la liberté de la presse et d’autres droits fondamentaux. Les deux journalistes condamnés aujourd’hui n’ont commis aucune infraction reconnue par le droit international et leur condamnation doit être annulée. »
Complément d’information
Jeudi 26 septembre, l’ancien rédacteur en chef de Stand News, Chung Pui-kuen, et son ancien rédacteur en chef par intérim, Patrick Lam, ont été condamnés respectivement à 21 mois et à 11 mois d’emprisonnement, après avoir été déclarés coupables le mois dernier de conspiration en vue de diffuser des publications séditieuses, au titre de la législation de Hong Kong relative à la sédition.
Tous deux ont déjà passé presque une année en détention provisoire, ce qui signifie que Patrick Lam ne sera pas renvoyé en prison, mais que Chung Pui-kuen y retournera pour purger le reste de sa peine.
Les poursuites contre les journalistes et la société mère de Stand News, Best Pencil (Hong Kong) Limited, sont fondées sur la publication de 17 articles prétendument séditieux, comprenant des reportages, des interviews, des profils et des articles d’opinion.
Stand News, un média d’information numérique à but non lucratif, a cessé ses activités et
supprimé son site Internet en décembre 2021 après une perquisition dans sa salle de rédaction par plus de 200 agents de la police de la sécurité nationale.
Le procès s’est ouvert en octobre 2022 et le jugement a été ajourné à de nombreuses reprises avant que la justice ne prononce le verdict tant attendu le 29 août. Le prononcé de la peine a été retardé de trois semaines supplémentaires, jusqu’au 26 septembre.
L’affaire de Stand News représente le premier procès pour sédition – et la première condamnation liée à la sécurité nationale – d’une entreprise de médias et de journalistes depuis 1997, année où Hong Kong a été rétrocédée à la Chine par la Grande-Bretagne.