En réaction à l’arrestation de quatre personnes accusées d’« actes à des fins séditieuses et conduite désordonnée sur la voie publique » à Hong Kong, à la veille du 34e anniversaire des événements de Tiananmen, Montse Ferrer, directrice régionale adjointe des recherches à Amnesty International, a déclaré :
« Le gouvernement de Hong Kong se sert encore une fois des accusations de " sédition " qui datent de l’ère coloniale pour mener sa répression contre la liberté d’expression, dans sa volonté d’empêcher les gens de commémorer les terribles événements du 4 juin 1989.
« Le fait que les Honkongaises et Hongkongais continuent de les commémorer en dépit des risques toujours croissants met en évidence la futilité des manœuvres des autorités pour imposer le silence et l’obéissance.
« La campagne du gouvernement de Hong Kong visant à empêcher les citoyens de célébrer cet anniversaire fait écho à la censure du gouvernement central chinois et insulte la mémoire des victimes de Tiananmen.
« Toutes les personnes arrêtées uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression doivent être libérées immédiatement et la police de Hong Kong doit s’abstenir de s’en prendre à celles qui tentent de commémorer sans violence cet anniversaire important. Commémorer la répression de Tiananmen n’est pas un crime. »
Complément d’information
Samedi 3 juin, huit personnes ont été arrêtées près du parc Victoria à Hong Kong au motif, d’après la police, qu’elles « arboraient des objets de contestation portant des inscriptions séditieuses, chantaient et commettaient des actes illégaux ».
Deux d’entre elles ont depuis été relâchées, mais les quatre personnes arrêtées pour « actes à des fins séditieuses et conduite désordonnée sur la voie publique » encourent jusqu’à deux ans de prison.
Parmi les personnes arrêtées, deux ont brandi des morceaux de papier portant la mention « Commémoration personnelle, grève de la faim pendant 8964 3,4 secondes » (en référence à l’année, la date et l’anniversaire de la répression) et tenaient des fleurs. Une autre, un artiste, aurait scandé : « N’oubliez pas le 4 juin ! Peuple de Hong Kong, n’aie pas peur d’eux ! »
Chaque année depuis 1990, le 4 juin, des centaines de milliers de personnes se réunissaient pour une veillée à la bougie dans le parc Victoria à Hong Kong, afin de rendre hommage aux victimes de la répression de Tiananmen et de demander aux autorités chinoises de dévoiler la vérité sur ce qui s’est passé et d’assumer leurs responsabilités en ce qui concerne les victimes. En 2020 et 2021, cette veillée a été interdite soi-disant en raison de la pandémie de COVID-19.
L’an dernier, les autorités ont fermé certaines parties du parc Victoria, invoquant de potentielles « activités illégales ». Cette année, le parc n’était « pas disponible », en raison de la tenue d’un marché en plein air organisé par des groupes pro-Pékin, dont certains parrainés par le chef de l’exécutif et des membres anciens et actuels de l’Assemblée populaire nationale de Chine.
L’Alliance de Hong Kong en soutien aux mouvements patriotiques démocratiques de Chine, qui avait organisé les veillées précédentes, a été contrainte de cesser ses activités en septembre 2021 du fait des pressions exercées après la promulgation en juin 2020 à Hong Kong de la Loi sur la sécurité nationale. Plusieurs de ses responsables, dont l’avocate spécialiste des droits humains Chow Hang-tung [1], ont été poursuivis pour des accusations d’« incitation à la subversion » en raison de leur militantisme pacifique.
L’Alliance compte parmi les nombreux groupes politiques ou de la société civile qui ont dû fermer leurs portes après avoir été pris pour cibles par la police de Hong Kong pour des motifs de sécurité nationale.
Chaque année, lors de cette veillée à Hong Kong, était diffusé un message enregistré des Mères de Tiananmen, membres des familles des victimes, qui ne cessent de réclamer au gouvernement un compte-rendu précis sur les décès, une indemnisation légale et une enquête sur les responsabilités pénales.
Le 4 juin 1989, sur la place Tiananmen à Pékin (Beijing) et aux alentours, des centaines – voire des milliers – de personnes ont été tuées lorsque l’armée chinoise a ouvert le feu sur les étudiant·e·s et les travailleurs·euses qui demandaient pacifiquement des réformes politiques et économiques, ainsi que la fin de la corruption. Des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées à travers la Chine dans le cadre de la répression qui a suivi. La plupart ont été inculpées de crimes contre-révolutionnaires et ont purgé de très lourdes peines de prison prononcées à l’issue de procès iniques.
Régulièrement, depuis 1989, des militant·e·s en Chine continentale sont détenus et inculpés de « subversion » ou d’« avoir cherché à provoquer des conflits » s’ils rendent hommage aux victimes, appellent à la libération des prisonniers ou critiquent les actions du gouvernement durant la répression de Tiananmen.