« La campagne menée par le gouvernement de Hong Kong pour interdire une chanson est aussi insensée que dangereuse. Non seulement l’interdiction de Gloire à Hong Kong représente une attaque absurde contre la liberté d’expression des Hongkongais·e·s, mais elle constitue également une violation du droit international relatif aux droits humains, a déclaré Sarah Brooks, directrice du programme Chine d’Amnesty International.
« La victoire du gouvernement en appel mercredi 8 mai - après qu’une juridiction inférieure a statué contre lui l’année dernière - est un signe inquiétant de la réticence croissante des autorités à respecter les droits humains et à honorer leurs obligations.
« Entonner un chant de protestation ne devrait jamais être un crime, ni constituer une menace à la "sécurité nationale", ainsi que le prétend le gouvernement. Les autorités hongkongaises doivent mettre fin à toute tentative d’étouffer les droits humains au nom de la "sécurité nationale". »
Complément d’information
La Cour d’appel de Hong Kong a annulé mercredi 8 mai une décision prise en juillet 2023 par une juridiction inférieure, qui avait rejeté la demande du gouvernement de Hong Kong d’interdire Glory to Hong Kong, craignant que cela n’ait un effet « dissuasif » sur la liberté d’expression.
Le ministère de la Justice de Hong Kong cherche à interdire « la diffusion, l’interprétation, l’impression, la publication, la vente, la mise en vente, la distribution, la diffusion, l’affichage ou la reproduction de quelque manière que ce soit » de cette chanson qui a pris une place de premier plan lors des manifestations de masse de 2019 dans la ville.
Les paroles et la mélodie de la chanson seraient également visées par cette interdiction. Un slogan de manifestation cité dans la chanson, « Libérez Hong Kong, révolution de notre temps », est déjà interdit en vertu de la Loi sur la sécurité nationale car il a été considéré comme un appel à la « sécession ».
Le gouvernement a précédemment déclaré que toute personne qui utiliserait la chanson de l’une des façons décrites pourrait être poursuivie en vertu de l’ordonnance sur l’hymne national, ou inculpée de « sécession » au titre de la Loi sur la sécurité nationale, ce qui pourrait déboucher sur la réclusion à perpétuité.
Par ailleurs, depuis 2020, le gouvernement réprime de plus en plus l’expression légitime en retenant des charges de « sédition » très imprécises datant de l’ère coloniale. Le nombre de condamnations prononcées sur la base de ces accusations a considérablement augmenté depuis la promulgation de la loi sur l’article 23 cette année.
La décision de la Cour définit les conditions dans lesquelles l’interdiction de cette chanson serait légale, à savoir l’intention « séditieuse » derrière le fait de la partager, de la jouer ou de la chanter.
Dans la pratique, toutefois, cette décision aura un effet dissuasif puissant sur la liberté d’exprimer ses opinions en faisant référence à la chanson Gloire à Hong Kong. Amnesty International a recensé un certain nombre de cas dans lesquels le gouvernement a invoqué l’intention séditieuse ou l’intention d’inciter à commettre des crimes contre la sécurité nationale, ce qui a donné lieu à des poursuites étayées par les éléments de preuve les plus ténus.
Selon les normes internationales relatives aux droits humains, ni les revendications pacifiques en faveur d’un changement de gouvernement ou de politique gouvernementale, ni les critiques ou même les insultes visant des institutions ou des symboles d’un État ne doivent être interdites pour des raisons liées à la sécurité nationale.