Hong Kong, première manifestation « autorisée » depuis 2020

Hong Kong, première manifestation « autorisée » depuis 2020

Une marche prévue dimanche 5 mars en lien avec la Journée internationale des droits des femmes sera la première manifestation officiellement autorisée à Hong Kong depuis 2020. L’Association des travailleuses de Hong Kong a annoncé mardi 28 février qu’elle avait reçu une approbation orale pour un « avis de non-objection » concernant cette marche.

Cependant, Amnesty International souligne que cet événement se déroulera dans le contexte d’une répression de plus en plus forte des droits humains et de la société civile en général.

« Une première manifestation autorisée depuis le début de la pandémie de COVID-19 il y a trois ans constitue un moment important pour Hong Kong, mais la marche prévue dimanche aura lieu à un moment où le gouvernement intensifie sa répression généralisée des droits humains dans la ville, a déclaré Hana Young, directrice régionale adjointe d’Amnesty International.

« Depuis les manifestations massives de 2019, les autorités de Hong Kong n’ont cessé de museler les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique en ayant recours à une force illégale et des lois définies en termes vagues.

« La manifestation de dimanche doit pouvoir se dérouler sans ingérence de la police – un droit rarement accordé aux manifestant·e·s pacifiques à Hong Kong ces dernières années, et plus du tout depuis l’entrée en vigueur de la très répressive Loi sur la sécurité nationale.

« Les autorités doivent également faciliter les autres types de manifestations pacifiques, sans quoi l’autorisation de cette marche ne sera qu’un geste symbolique. »

La société civile de Hong Kong, qui était florissante auparavant, a été décimée depuis que la Loi sur la sécurité nationale a été imposée par le gouvernement central chinois le 30 juin 2020. Des dizaines de militant·e·s et de responsables politiques de l’opposition risquent aujourd’hui d’être emprisonnés à vie pour leurs activités légitimes.

La veillée commémorant la répression de la place Tiananmen [1] organisée chaque année à Hong Kong a été interdite trois ans de suite depuis 2020 – soi-disant en raison de la pandémie de COVID-19. Des personnes ayant organisé la veillée sont actuellement emprisonnées.

En décembre 2022, la Haute Cour de Hong Kong a estimé que l’interdiction générale de la veillée de 2021 était excessive, car la police n’avait pas envisagé sérieusement d’autoriser un rassemblement avec des mesures sanitaires appropriées et d’autres conditions.

Entretemps, beaucoup d’organisations de la société civile – dont certaines avaient précédemment organisé des manifestations pacifiques de grande ampleur, souvent en coopération avec la police et d’autres autorités – ont été contraintes de se dissoudre et nombre de leurs membres ont été poursuivis au titre de la Loi sur la sécurité nationale et d’une loi relative à la sédition datant de l’époque coloniale.

Complément d’information

La répression du droit de réunion pacifique s’est nettement aggravée après les manifestations de 2019 et encore intensifiée dans le cadre des mesures liées à la pandémie de COVID-19. En réponse à cette crise sanitaire, le gouvernement de Hong Kong a invoqué le Règlement pour la prévention et le contrôle des maladies et annoncé des lois d’exception interdisant quasiment toutes les manifestations pacifiques.

Les Nations unies expriment depuis longtemps leur inquiétude quant au fait que les autorités hongkongaises imposent des restrictions excessives du droit à la liberté de réunion pacifique. Selon l’Ordonnance relative à l’ordre public de Hong Kong, toute personne qui souhaite organiser une manifestation doit obtenir au préalable un « avis de non-objection » de la police. Les règles et politiques qui exigent de fait l’accord des autorités pour qu’un rassemblement public puisse avoir lieu sont contraires au droit international relatif aux droits humains et aux normes en la matière.

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