« Le recours excessif et sans discernement à la force par la police pour disperser des manifestant·e·s témoigne une fois de plus du mépris dont font preuve les autorités à l’égard des droits humains dans les rues de Hong Kong. Les arrestations massives opérées lors de rassemblements totalement pacifiques montrent que le gouvernement de Hong Kong s’en prend à toute personne qui exerce son droit à la liberté d’expression, a déclaré Joshua Rosenzweig, directeur du bureau régional pour l’Asie de l’Est à Amnesty International.
« Alors que les droits des personnes à Hong Kong sont de plus en plus menacés, le projet de loi relatif à l’hymne national représente une nouvelle tentative visant à ériger en infraction la dissidence pacifique dans la ville. Ce texte répressif rédigé en termes vagues prévoit qu’à Hong Kong les personnes accusées d’« outrage » ou d’« utilisation abusive » de l’hymne national chinois encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement.
« La population à Hong Kong a toutes les raisons de s’inquiéter au sujet de ce projet de loi, et elle est parfaitement en droit de manifester pacifiquement contre ce texte. Alors que les libertés à Hong Kong sont gravement mises en péril par un projet de loi sur la sécurité nationale imposé par la Chine, le projet de loi relatif à l’hymne national représente une nouvelle menace encore pour la liberté d’expression dans la ville.
« Comme les mouvements de protestation contre ces deux textes vont probablement se poursuivre au cours des prochaines semaines et au-delà, les brutales opérations policières observées jusqu’à présent incitent à redouter un nouvel été marqué par la répression. »
Complément d’information
Plusieurs milliers de personnes sont aujourd’hui descendues dans la rue alors que le Parlement examine le projet de loi relatif à l’hymne national, qui vise à criminaliser l’« outrage » à l’hymne national chinois ou son « utilisation abusive », et à infliger aux contrevenants une amende pouvant aller jusqu’à 50 000 dollars de Hong Kong (6 400 dollars des États-Unis) et une peine maximale de trois ans d’emprisonnement.
Depuis 2015, il est arrivé plusieurs fois à Hong Kong que dans les stades de football, lors de matchs, des spectateurs tournent le dos ou poussent des huées au moment où était joué l’hymne national chinois. Le projet de loi vise à ériger ce comportement en infraction pénale.
Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées jusqu’à présent ce mercredi, et des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des policiers en train de tirer des grenades de gaz poivre pour disperser une manifestation dans le district central au moment du déjeuner, malgré la présence de nombreux passants dans ce secteur.
Les manifestants dénonçaient également le projet de loi sur la sécurité nationale présenté la semaine dernière par l’Assemblée populaire nationale de Chine, qui va sans doute être adopté demain. Ce texte prévoit des mesures sévères réprimant le « séparatisme, la subversion du pouvoir de l’État, le terrorisme et l’ingérence étrangère » à Hong Kong.