Huit détenus passés à tabac

Les autorités du Chhattisgarh doivent ouvrir une enquête indépendante sur le passage à tabac de huit détenus, notamment le journaliste Santosh Yadav, à la prison centrale de Jagdalpur, a déclaré Amnesty International Inde le mardi 15 novembre 2016.

Selon la famille de Santosh Yadav et les médias, lui et sept autres détenus ont été frappés à coups de matraque par des policiers de l’État le 2 novembre, parce qu’ils avaient protesté de manière pacifique contre la qualité de la nourriture servie à la prison. Le lendemain, la police a déposé une plainte contre les détenus, les accusant de plusieurs infractions, dont « émeute », « entrave à un fonctionnaire exerçant ses fonctions publiques » et « agression ou usage de la force en vue de dissuader un fonctionnaire d’exercer ses fonctions ». Les proches de Santosh Yadav affirment qu’ils n’ont pas été autorisés à le voir depuis ces événements.

« Les détenus ont le droit de protester pacifiquement. La police du Chhattisgarh doit respecter ce droit et veiller à ce que toute allégation d’utilisation injustifiée de la force contre des protestataires fasse l’objet d’une enquête, a déclaré Makepeace Sitlhou, chargée de campagne à Amnesty International Inde. Les détenus ne doivent pas être empêchés de voir leur famille et leurs avocats. »

Jitender Yadav, le frère de Santosh Yadav, a déclaré à Amnesty International Inde que Santosh Yadav l’avait appelé le 11 novembre de l’hôpital de Jagdalpur, où il était examiné par un médecin. Il a indiqué : « [Santosh] nous a dit qu’il avait été violemment frappé par la police. Sa femme et moi avons essayé de le voir séparément, mais les autorités pénitentiaires ne nous y ont pas autorisés ».

Un responsable de la police du commissariat de Kotwali, où le procès-verbal introductif contre les détenus a été établi, a déclaré : « les détenus avaient des exigences qu’ils ne voulaient discuter qu’avec des hauts responsables et pas avec les autorités pénitentiaires. La police a eu recours à la force pour les disperser et les renvoyer dans leur cellule. La force utilisée était proportionnelle. » Amnesty International Inde a essayé plusieurs fois de joindre le surintendant de la prison pour obtenir un commentaire, sans succès. Le 11 novembre, Santosh Yadav a été transféré vers une prison du district de Kanker (État du Chhattisgarh), à environ 192 kilomètres de son domicile de Darbha.

Interpellé le 29 septembre 2015, Santosh Yadav est notamment détenu au titre de la Loi spéciale du Chhattisgarh relative à la sécurité publique et de la Loi relative à la prévention des activités illégales. Ces deux lois sont contraires au droit international relatif aux droits humains et aux normes en la matière.

Santosh Yadav a été accusé d’être impliqué dans un attentat perpétré par un groupe armé maoïste contre les forces de sécurité le 21 août 2015. Cependant, les poursuites engagées contre lui reposent principalement sur le témoignage d’un responsable de la police qui dit avoir reconnu le journaliste dans la nuit, à la lumière d’une torche, parmi plus de cent combattants maoïstes. Le responsable de la police n’a ensuite pas réussi à identifier Santosh Yadav avec certitude lors d’une séance d’identification. Le nom de Santosh Yadav n’apparaissait pas sur la liste des personnes accusées dans le procès-verbal introductif sur les faits.

Il semble qu’il soit pris pour cible en raison du travail qu’il a mené parmi les populations autochtones adivasis dans le district de Bastar, au Chhattisgarh, et que les accusations portées contre lui soient infondées.

La famille du journaliste avait précédemment déclaré qu’il avait été torturé pendant sa détention le 30 novembre 2015. En août 2016, Santosh Yadav a déclaré à Amnesty International qu’il avait reçu des menaces de mort d’un codétenu. Son avocat a affirmé que son client avait été déshabillé et humilié par des policiers de l’État en juin 2015.

La demande de libération sous caution de Santosh Yadav a été rejetée deux fois. Une autre demande est en instance devant la Cour suprême. Le 17 octobre, celle-ci a demandé au gouvernement de l’État du Chhattisgarh de répondre à sa demande de libération sous caution.

« Santosh Yadav doit être libéré immédiatement et toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées, a déclaré Makepeace Sitlhou. Des accusations portées contre des détenus pour la seule raison qu’ils ont protesté contre leurs conditions de détention ne peuvent en aucun cas être justifiées. »

Dans un rapport de 2014, le contrôleur et auditeur général de l’Inde a déclaré que le gouvernement de l’État du Chhattisgarh ne donnait pas accès aux prisonniers à des installations sanitaires et à un environnement hygiénique. L’État du Chhattisgarh a les prisons les plus surpeuplées d’Inde. Des recherches menées par l’association Jagdalpur Legal Aid Group, un groupe d’avocats spécialistes des droits humains, ont montré que le taux d’occupation de la prison centrale de Jagdalpur était de 260 % en 2013.

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