Il faut qu’une détenue palestinienne concernée par un accord d’expulsion vers Gaza soit remise en liberté en Cisjordanie

Un accord ayant mené la Palestinienne Hana Shalabi à interrompre sa grève de la faim et à s’apprêter à être transférée vers la bande de Gaza pour une période de trois ans pourrait s’apparenter à une expulsion forcée, a déclaré Amnesty International.

Hana Shalabi, 30 ans, a été arrêtée par des soldats israéliens le mois dernier en Cisjordanie et a été placée en détention administrative. Elle serait affiliée au mouvement du Djihad islamique mais n’a jamais été inculpée d’une infraction pénale.

Elle a observé une grève de la faim pendant 43 jours et souffre de problèmes thyroïdiens, d’épuisement et de vertiges, d’après Physicians for Human Rights (Médecins pour les droits humains). Bien qu’elle ait interrompu son jeun, son état continue à requérir des soins médicaux spécialisés.

« Le fait qu’Hana Shalabi n’ait pu s’entretenir avec ses avocats, qui sont indépendants, suscite de vives préoccupations quant à son expulsion vers la bande de Gaza », a indiqué Ann Harrison, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Amnesty International craint que cet accord ne constitue une expulsion forcée, compte tenu de l’état de santé d’Hana Shalabi, ainsi que du fait que son droit de consulter des médecins et avocats indépendants continue à être bafoué. »

« Au lieu de l’expulser vers la bande de Gaza, où la possibilité de bénéficier de soins de santé spécialisés est limitée, en raison du blocus israélien et de la pénurie actuelle de carburant qui menace les hôpitaux, les autorités doivent la libérer, de même que les autres Palestiniens maintenus en détention administrative, ou l’inculper dans les meilleurs délais d’une infraction prévue par la loi. »

Des ordres émis par l’armée israélienne permettent aux autorités de maintenir des Palestiniens de Cisjordanie occupée en détention administrative pour une durée indéterminée, sans qu’ils ne soient jugés, s’il est estimé que ces personnes représentent une « menace pour la sécurité ».

Hana Shalabi est actuellement incarcérée à l’hôpital de la prison de Ramleh, dans le centre d’Israël, et la date de son transfert dans la bande de Gaza n’a pas été rendue publique.

Jameel Khatib, son avocat, a qualifié son expulsion de « forcée » et déclaré à Amnesty International :

« Je n’ai pas été associé aux négociations ; je suis contre ce genre d’arrangement. Ça ne valait pas la peine de traverser une grève de la faim si c’était pour qu’elle soit expulsée vers Gaza au bout du compte. Si cela avait été notre objectif, nous aurions conclu un accord bien avant que l’état de santé d’Hana n’atteigne ce seuil critique. »

Jawad Boulos, avocat de la Société des prisonniers palestiniens, qui a négocié l’accord, a cependant affirmé qu’Hana Shalabi avait librement accepté cet arrangement.

Plus de 30 autres détenus et prisonniers palestiniens incarcérés dans diverses prisons israéliennes ont entamé des grèves de la faim d’une durée illimitée – il y a plus de quatre semaines pour certains –, afin de protester contre la politique de la détention administrative.

Figurent parmi eux trois hommes qui observent une grève de la faim depuis près de 30 jours. Thaer Halahleh, Bilal Diab et Kifah Hattab se voient refuser tout contact avec des avocats et des médecins indépendants.

Malgré leur santé fragile, aucun n’a pu être observé par un médecin indépendant. Bilal Diab a été transféré à l’hôpital Assaf HaRofeh, à Tel Aviv, après avoir semble-t-il perdu connaissance ; placé sous la surveillance de gardiens de prison, il s’y trouve toujours.

« Il existe un risque réel que l’expulsion d’Hana Shalabi signifie que d’autres détenus administratifs puissent faire l’objet de pressions visant à les inciter à opter pour des accords similaires, et soient forcés à accepter une expulsion vers la bande de Gaza », a signalé Ann Harrison.

« Une fois sur place, ils ne pourraient entretenir aucun contact avec leurs proches en Cisjordanie, ce qui accroîtrait leur isolement. »

Si la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et la bande de Gaza sont internationalement reconnues comme une seule unité territoriale, au titre des accords d’Oslo et du droit international humanitaire, les autorités israéliennes ne permettent pas aux Palestiniens vivant dans la bande de Gaza de se rendre en Cisjordanie et vice-versa.

Les Conventions de Genève interdisent à toute puissance occupante de transférer de force ou de déporter des personnes hors d’un territoire occupé.

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