Des inculpations forgées de toutes pièces

Les autorités zambiennes doivent abandonner les charges de trahison forgées de toutes pièces qui pèsent sur le principal leader de l’opposition, Hakainde Hichilema, et sur ses cinq employés et les libérer sans condition, a déclaré Amnesty International mercredi 26 avril, à l’approche de son audience de mise en liberté sous caution.

Ces six personnes ont été arrêtées le 11 avril, prétendument pour ne pas avoir cédé le passage à un cortège présidentiel. Selon elles, la police les a battues, aspergées de gaz lacrymogène et a projeté du gaz poivre sur leurs parties génitales.

« Hakainde Hichilema et les autres membres du Parti uni pour le développement national (UPND) qui ont été arrêtés sont persécutés depuis longtemps par les autorités zambiennes en raison de leurs activités politiques et de l’élection contestée de l’année dernière », a déclaré Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique australe à Amnesty International.

« Les charges pesant sur Hakainde Hichilema et ses employés sont destinées à le harceler, à l’intimider et à le dissuader de mener ses activités politiques.  »

Hakainde Hichilema est poursuivi pour trahison, « désobéissance à des ordres légitimes » et outrage à policiers en raison d’une confrontation avec un cortège de véhicules accompagnant le président Edgar Lungu.

D’après la police, les véhicules du convoi de Hakainde Hichilema n’ont pas cédé le passage au cortège présidentiel alors que les deux convois se déplaçaient sur la même route, le 8 avril. Cependant, l’avocat de Hakainde Hichilema a indiqué à Amnesty International que les véhicules de son convoi avaient été autorisés à avancer. Les deux hommes se rendaient à une cérémonie religieuse dans le district de Mongu.

Trois des employés de Hakainde Hichilema, après avoir été arrêtés, auraient été torturés par des policiers cagoulés.

« Ces charges sont une énorme déformation de ce qui est essentiellement un problème de gestion de la circulation ; la qualification de trahison ne doit pas être retenue, a déclaré Deprose Muchena.

« Les autorités zambiennes doivent enquêter sans délai et de manière exhaustive sur les informations faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements imposés aux personnes arrêtées et traduire les responsables présumés en justice dans le cadre d’un procès équitable. »

Complément d’information

Hakainde Hichilema est le président du principal parti d’opposition zambien, le Parti uni pour le développement national (UPND).

Il a été candidat à l’élection présidentielle du 11 août 2016, à l’issue de laquelle il a été battu de justesse par le président sortant, Edgar Lungu.

Après sa défaite, l’UPND a contesté en justice les résultats du scrutin, mais la Cour constitutionnelle a rejeté sa requête sans entendre les arguments du parti.

Le 6 octobre 2016, Hakainde Hichilema avait été arrêté à Luanshya en même temps que Geoffrey Bwalya Mwamba, vice-président de l’UPND, alors qu’ils allaient rendre visite à des sympathisants incarcérés. La police a daté rétroactivement les charges de trahison à l’encontre de Hakainde Hichilema au mois d’octobre 2016, au motif qu’il n’avait pas reconnu la victoire d’Edgar Lungu à la présidentielle.

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