Inde. Des kidnappings perpétrés par les maoïstes sur fond de violence croissante

Déclaration publique

Index AI : ASA 20/005/2011 - ÉFAI

22 février 2011

Le Parti communiste indien (maoïste), un groupe armé d’opposition, doit immédiatement libérer deux fonctionnaires – dont un responsable de l’administration locale de l’Orissa – qu’ils maintiennent en otage depuis le 16 février, et garantir leur sécurité et leur bien-être tant qu’ils les détiennent, a déclaré Amnesty International.

Ce kidnapping s’inscrit dans un contexte de violence croissante dans l’État d’Orissa. Le nombre de suspects maoïstes abattus par la police est en augmentation et les attaques de civils par des maoïstes ont déjà fait quatre morts.

Les deux fonctionnaires – Vineel Krishna, percepteur du district de Malkangiri (sud-ouest de l’Orissa), et Pabitra Majhi, un ingénieur subalterne – ont été enlevés après avoir lancé des programmes de développement dans la région relativement sous-développée de Chitrakonda, en Orissa, qui est majoritairement peuplée d’adivasis (aborigènes).

Ils étaient alors accompagnés d’un autre fonctionnaire, qui est arrivé à Malkangiri en annonçant leur enlèvement. Les maoïstes ont par la suite publié un communiqué de quatre pages à l’attention des médias, dans lequel ils exigeaient que la police de l’État mette fin aux opérations en cours contre eux en Orissa et qu’elle libère sept dirigeants maoïstes (dont une femme dénommée Padma) emprisonnés dans les États d’Orissa et d’Andhra Pradesh.

Amnesty International souligne que les prises d’otages sont interdites par le droit international. Le fait de capturer ou de détenir quelqu’un et de menacer de le tuer ou de lui faire du mal si les autorités ne se plient pas aux exigences des preneurs d’otages est contraire aux principes fondamentaux d’humanité, qui figurent dans le droit international humanitaire. L’organisation exhorte les maoïstes à cesser de menacer de tuer ces fonctionnaires ou de leur faire du mal et à garantir leur vie et leur sécurité.

Selon les dernières informations, les autorités de l’Orissa et des militants des droits civils qui sont arrivés de l’Andhra Pradesh négocient avec les maoïstes pour obtenir la libération des fonctionnaires enlevés. Les militants – G. Haragopal et Someswar Rao – ont demandé davantage de temps pour négocier et les autorités ont suspendu les opérations contre les maoïstes dans le district de Malkangiri.

Amnesty International engage également les autorités de l’Orissa à ouvrir des enquêtes impartiales sur les meurtres de 25 suspects maoïstes, dont 10 adivasis, tués par la police de l’État en décembre et janvier. Alors que la police a affirmé que ces personnes avaient été abattues au cours de combats, des défenseurs des droits humains des États d’Orissa et d’Andhra Pradesh ont mené des missions d’information qui ont apporté des preuves laissant penser que la plupart des victimes n’étaient pas des cadres maoïstes armés mais des sympathisants arrêtés lors d’opérations de ratissage et exécutés de manière extrajudiciaire.

Seuls deux de ces 25 homicides – ceux de Madhav Singh Thakur et de Ramesh Sahoo, deux militants de la campagne Gandhamardhan Surakhya Yuva Parishad contre l’exploitation de la bauxite sur les collines de Gandhamardhan, dans l’ouest de l’Orissa – font l’objet d’une enquête de la commission des droits humains de cet État faisant suite à une plainte des familles de victimes. Leurs corps ont été retrouvés dans les forêts de Borasambadar, à Paimkal (ouest de l’Orissa), le 28 décembre 2010 et la police a déclaré que tous deux étaient des maoïstes armés abattus au cours des combats de la veille.

Les 23 homicides commis par la police sur lesquels aucune enquête n’a été diligentée sont ceux des personnes suivantes :

• deux personnes, dont une femme, tuées dans la région de Telkoi (district de Keonjhar, nord de l’État), le 29 décembre 2010 ;

• cinq personnes – trois femmes, une fillette et un homme – tuées à Tamka, près de Kalingangar, dans le district de Jajpur (nord), le 1er janvier 2011 ;

• neuf personnes – dont trois femmes – tuées dans la région de Kashipur-Kalyansinghpur, dans le district de Rayagada (sud), le 8 janvier 2011 ;

• deux hommes tués dans le district de Jajpur (nord) ; et

• cinq hommes tués dans le district de Sundargarh (nord) les 8 et 11 février 2011.

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