« Les interdictions arbitraires de voyager deviennent la principale tactique des autorités indiennes pour faire taire les voix indépendantes et critiques dans le pays. Ces mesures arbitraires de l’exécutif ne sont étayées par aucune décision de justice, aucun mandat ni même aucune explication écrite, et il est donc difficile pour les militant·e·s et les journalistes de les contester devant les tribunaux. Les interdictions de voyager sont régulièrement utilisées comme moyen privilégié d’opérer une large répression de la dissidence. Il s’agit d’une violation flagrante des droits humains qui doit cesser immédiatement. » a déclaré Aakar Patel, directeur d’Amnesty International Inde
« En particulier, depuis trois ans, les autorités multiplient les interdictions de voyager à l’encontre des journalistes et des défenseur·e·s des droits humains de la région de Jammu-et-Cachemire. Cette chasse aux sorcières permanente bafoue les obligations internationales de l’Inde en matière de droits humains et donne une mauvaise image de son bilan, qui doit faire l’objet d’un Examen périodique universel (EPU) début novembre. Le gouvernement indien doit lever toutes les interdictions de voyager arbitraires, mettre fin à cette pratique illégale et s’acquitter de ses obligations en matière de droits fondamentaux en respectant, protégeant, promouvant et réalisant les droits de tous, notamment la liberté d’expression et la liberté de mouvement. »
Complément d’information
Sanna Irshad Mattoo n’a pas été autorisée à prendre l’avion, « alors qu’elle avait un visa et un billet valides » [1] pour se rendre aux États-Unis et assister à la cérémonie de remise du prestigieux prix Pulitzer pour sa couverture de la pandémie de COVID-19. D’après les médias [2], aucune raison officielle ne lui a été fournie, alors qu’elle avait déjà dû renoncer à se rendre à l’étranger en juillet.
En octobre 2019, juste avant que l’État de Jammu-et-Cachemire ne soit remodelé et ne devienne un territoire de l’Union indienne, plus de 450 personnes, dont des journalistes, des avocat·e·s, des responsables politiques, des militant·e·s des droits humains et des dirigeant·e·s d’entreprises, ont été inscrites sur une « liste d’interdiction de vol » [3] temporaire, en l’absence de décision judiciaire.
Depuis 2019, Amnesty International a recensé les cas d’au moins six journalistes, militant·e·s des droits humains, universitaires et responsables politiques cachemiris – Gowhar Geelani, Shah Faesal, Bilal Bashir, Zahid Rafiq, Sanna Mattoo et Aakash Hassan – qui se sont vus interdire de se rendre à l’étranger sans aucune justification légale.