Inde. Une religieuse a été assassinée, ce qui porte à quatre le nombre de militants tués en 2011

Les autorités indiennes doivent veiller à ce qu’une enquête approfondie soit menée sur l’homicide d’une religieuse qui défendait les droits des communautés indigènes adivasis, a déclaré Amnesty International jeudi 17 novembre.

La mort de sœur Valsa John, 52 ans, porte à quatre le nombre de militants des droits sociaux qui ont été tués dans des circonstances inexpliquées en Inde en 2011.

Elle a été battue à mort par un groupe d’une quarantaine de personnes qui ont fait irruption chez elle, dans l’État du Jharkhand, dans l’est du pays, dans la nuit du 15 novembre.

« Il semble que l’assassinat de sœur Valsa John soit lié à ses activités en faveur des droits humains, a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Les autorités du Jharkhand doivent faire en sorte que les responsables présumés de ce meurtre odieux soient déférés à la justice.

« En outre, les autorités indiennes, au niveau fédéral et de l’État, doivent garantir la protection des défenseurs des droits humains dans tout le pays. »

La famille de Valsa John et des défenseurs des droits humains du Jharkhand ont déclaré à Amnesty International qu’elle avait reçu des menaces de mort quelques heures avant d’être assassinée à Pauchuara, dans le district de Pakur.

Sa famille est persuadée que ces menaces émanaient de bandes criminelles impliquées dans l’exploitation illégale des mines de charbon au Jharkhand.

Valsa John a été incarcérée en 2007 pour avoir protesté contre la confiscation de terres appartenant aux adivasis par la compagnie minière Panem Coal Mines, gérée conjointement par la compagnie publique d’électricité du Pendjab et l’Eastern Mineral Trading Agency.

Après avoir été libérée sous caution fin 2007, elle avait conclu un accord avec Panem Coal Mines, ouvrant la voie à l’acquisition par la compagnie des terres des adivasis, en échange d’autres terres, d’emplois, d’un centre de soins et de l’éducation gratuite pour les enfants des familles déplacées.

D’après les médias locaux, certains adivasis n’étaient pas satisfaits de cet accord.

En 2011, trois autres militants des droits sociaux ont été tués parce qu’ils se sont battus au nom de victimes d’atteintes aux droits humains et de communautés marginalisées, ou ont invoqué la loi indienne qui garantit l’accès à l’information afin de dénoncer les violations des droits fondamentaux et la corruption au sein du gouvernement.

Au début du mois de novembre, Nadeem Sayed, militant basé au Gujarat, a été poignardé à mort après avoir témoigné au nom des victimes du massacre de Naroda Patiya ; 95 personnes avaient en effet été tuées au cours d’émeutes anti-musulmanes en 2002.

Au mois d’août, la militante écologiste Shehla Masood, 35 ans, a été abattue à Bhopal après avoir tenté de dénoncer les atteintes à l’environnement engendrées par des projets d’infrastructure urbaine et mis en cause des projets d’exploitation minière au Madhya Pradesh.

Au mois de mars, le militant des droits sociaux Niyamat Ansari, du Jharkhand, a été enlevé et tué après avoir invoqué la Loi relative au droit à l’information pour dénoncer le fait que des entrepreneurs locaux et des représentants du gouvernement avaient détourné des fonds destinés aux habitants démunis des zones rurales. Les soupçons se portent sur les groupes armés maoïstes : les informations divulguées par Niyamat Ansari menaçaient la part des fonds détournés qui leur revenaient en échange de la protection qu’ils offraient aux entrepreneurs et aux représentants de l’État.

Les organisations indiennes de défense des droits humains réclament une nouvelle loi afin de protéger les militants qui sont la cible de menaces lorsqu’ils introduisent une requête en vue d’obtenir des informations cruciales affectant les moyens de subsistance de communautés locales.

« Les autorités indiennes doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour que les défenseurs des droits humains et les militants des droits sociaux puissent mener leurs activités légitimes et pacifiques sans craindre de faire l’objet de manœuvres de harcèlement et d’intimidation », a estimé Sam Zarifi.

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