Indonésie, il faut abandonner les poursuites visant une avocate

La police de Java-Est a décidé d’engager des poursuites contre l’avocate et défenseure des droits humains Veronica Koman.

En réaction à cette décision, le directeur d’Amnesty International Indonésie, Usman Hamid, a déclaré :

« Veronica Koman est une défenseure des droits humains qui a apporté une aide juridique à de nombreux militants politiques papous et dénoncé des violations des droits humains en Papouasie. Elle est aujourd’hui persécutée pour avoir évoqué sur Twitter une violente attaque contre un dortoir d’étudiants papous le 17 août, lors de laquelle la police a procédé à des tirs de gaz lacrymogène.

« Il s’agit d’une terrible atteinte au droit à la liberté d’expression en Indonésie et d’une tentative éhontée pour faire taire une courageuse militante. Ces poursuites ont de toute évidence pour objectif de dissuader les autres personnes de dénoncer les violations des droits humains concernant la Papouasie.

« Les poursuites visant Veronica Koman doivent être abandonnées immédiatement. Les autorités indonésiennes doivent également abroger ou modifier les articles draconiens du Code pénal et de la Loi relative aux informations et aux transactions électroniques, qui sont utilisés pour criminaliser l’exercice du droit à la liberté d’expression. »

Au cours des deux dernières années, Veronica Koman a subi des actes de harcèlement, des manœuvres d’intimidation et des menaces, y compris de mort et de viol, en raison de son travail dans lequel elle fait connaître les allégations de violations des droits humains en Papouasie.

Mercredi 4 septembre, Veronica Koman a été inculpée d’« incitation » au titre de dispositions de la Loi relative aux informations et aux transactions électroniques (Loi ITE), de l’article 160 du Code pénal indonésien et de la Loi sur l’élimination de la discrimination raciale et ethnique, pour des tweets répandant de « fausses nouvelles » selon la police. Amnesty International a analysé ces tweets, qui font état de violations des droits humains contre des Papous, et a conclu que poursuivre Veronica Koman en vertu de ces dispositions représente une parodie et une utilisation abusive flagrante de la loi.

Complément d’information

Le 17 août, un groupe de membres d’organisations locales a attaqué un dortoir d’étudiants papous en les accusant d’avoir détruit un drapeau indonésien. Ils les ont agressés verbalement et ont proféré des insultes racistes à leur encontre. Selon certaines sources, des membres de l’armée auraient pris part à cette attaque. Au lieu de disperser la foule qui assaillait le dortoir, la police a encerclé le bâtiment et demandé aux étudiants papous de se rendre. Le blocage s’est poursuivi le lendemain ; les policiers ont répandu du gaz lacrymogène avant d’arrêter 43 étudiants papous. Ils les ont emmenés pour les interroger mais les ont relâchés au bout de quelques heures, n’ayant trouvé aucun élément laissant penser qu’ils avaient détruit un drapeau indonésien.

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