« Les autorités doivent laisser les citoyens manifester librement et pacifiquement. Les forces de sécurité ne doivent pas recourir à une force inutile ou excessive, ni chercher à intimider les manifestants », a déclaré Usman Hamid, directeur d’Amnesty International Indonésie.
Avant l’annonce de la commission électorale (KPU) prévue demain, les organisations de la société civile et des opposants politiques de renom ont fait part de leur intention d’organiser de grandes manifestations à Djakarta le 22 mai, affirmant qu’ils rejetaient les résultats de l’élection présidentielle du 17 avril.
Dimanche 19 mai, des médias ont relaté que des policiers ont cherché à intimider des groupes se rendant en bus à Djakarta, leur ont ordonné de faire demi-tour et de ne pas rejoindre le rassemblement.
« Empêcher des gens de rejoindre une manifestation pacifique constitue une violation de leurs droits fondamentaux. Chacun a le droit de se joindre à d’autres et d’exprimer ses opinions de manière pacifique », a déclaré Usman Hamid.
Amnesty International Indonésie engage le gouvernement indonésien à ne pas faire appel à l’armée pour maintenir l’ordre lors des rassemblements publics, car les militaires ne sont ni formés ni équipés pour gérer ce genre de situations, totalement étrangères à leur mandat et à leur mission de combat. S’ils doivent être déployés à titre exceptionnel, ils doivent être dûment entraînés et équipés pour remplir cette tâche dans le respect du droit international relatif aux droits humains et des normes en la matière, et notamment dans le respect du principe de protection de la vie, être soumis aux mêmes règles que les forces de police régulière et être placés sous le commandement ou la supervision d’une autorité civile.
Complément d’information
Les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, adoptés au niveau national en Indonésie par une Règlementation du chef de la police nationale (Perkap No 1/2009), indiquent clairement que les responsables de l’application des lois ne peuvent faire usage de la force que s’il est quasiment certain que des moyens non violents ne seront pas efficaces. En cas d’usage de la force, ils doivent veiller à limiter les dégâts et les blessés. Aux termes des Principes de base, ils sont tenus de faire preuve de la plus grande retenue lorsqu’ils dispersent des rassemblements pacifiques illégaux au titre de la législation nationale.
Dans tous les cas, il faut accorder la priorité à la dispersion volontaire sans recours à la force, et si la force doit être utilisée, elle doit être nécessaire et proportionnée au degré de résistance des manifestants. Une force susceptible de causer des dommages doit être dirigée uniquement contre les personnes qui se livrent à des actes de violence ; une force ayant des effets non discriminants ne peut se justifier que dans des cas de violences généralisées contre des personnes, lorsqu’il n’est plus possible de contenir les violences en ciblant seulement les personnes y participant.