« Ce meurtre abject doit sans attendre faire l’objet d’une enquête. Ce ne serait pas la première fois que des personnes LGBTI en Indonésie sont violemment prises pour cibles en raison de ce qu’elles sont, a déclaré Usman Hamid, directeur d’Amnesty International Indonésie.
« Sans une action rapide des autorités visant à faire toute la lumière sur ce crime atroce et à traduire les responsables présumés en justice, les personnes transgenres en Indonésie se sentiront encore plus délaissées et dénigrées par leur gouvernement.
« Les autorités doivent aussi prendre conscience de cette sonnette d’alarme et en profiter pour abroger les lois qui criminalisent les identités de genre spécifiques. »
Complément d’information
Le 6 avril 2020, une femme transgenre appelée Mira a été brûlée vive dans le district Nord de Djakarta. Elle était accusée d’avoir volé le téléphone et le portefeuille d’un camionneur.
Deux des personnes soupçonnées d’avoir commis cet acte ont été arrêtées, tandis que trois autres sont toujours en fuite.
En 2017, une autre femme transgenre appelée Zoya, âgée de 30 ans et originaire de Bekasi, dans la province de Java-Ouest, avait été brûlée vive parce qu’elle était accusée d’avoir volé l’ampli d’une mosquée du secteur.
Depuis quelques années, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) en Indonésie subissent une répression croissante aux mains des autorités. Le 10 janvier, le maire de Depok Mohammad Idris a demandé aux autorités, notamment à la police municipale (Satpol PP), de « faire le ménage » dans les résidences en location (y compris les maisons, appartements en location et résidences universitaires) en vue de mettre un terme à ce qu’il qualifie d’actes « immoraux ». Selon lui, cette campagne vise à « prévenir la propagation des LGBTI » dans sa ville.
En novembre 2018, des agents de la police municipale Satpol PP de Padang, dans la province de Sumatra-Ouest, ont arrêté 10 femmes accusées d’avoir eu des relations lesbiennes, après que l’une d’elles a posté sur Facebook une photo sur laquelle on la voit embrasser et serrer dans ses bras une autre femme.
Le 27 janvier 2018, la police a effectué une descente dans des salons de beauté qui employaient plusieurs personnes transgenres. Les personnes soupçonnées d’être des femmes transgenres par les forces de police du nord de l’Aceh ont été arrêtées de manière arbitraire, humiliées et torturées. Bien que libérées sans inculpation dès le lendemain, elles demeurent profondément traumatisées ; certaines ont perdu leur emploi et d’autres ont été contraintes de fuir craignant pour leur sécurité.
L’article 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et l’Observation générale n° 18 sur la non-discrimination interdisent toute discrimination et garantissent à toutes les personnes une protection égale et efficace contre toute discrimination, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique et de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
En outre, l’article 7 du PIDCP et l’Observation générale n° 20 sur l’article 7 du PIDCP disposent que nul ne doit être soumis à des actes de torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.