Indonésie, Une fusillade a coûté la vie à deux enfants

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Deux enfants ont été touchés par des tirs, dont un mortellement, lors d’une fusillade entre des groupes armés et les forces de sécurité indonésiennes dans la régence d’Intan Jaya, dans la province de Papouasie. Des habitants du quartier ont déclaré qu’ils pensaient que les tirs venaient d’un poste de commandement militaire situé non loin. Des centaines d’habitants se sont réfugiés dans des églises.

Le gouvernement indonésien doit mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie, indépendante, transparente et efficace sur les tirs qui ont coûté la vie à un enfant et en ont blessé un autre, lors d’une fusillade entre les groupes armés et les forces de sécurité indonésiennes dans la régence d’Intan Jaya, dans la province de Papouasie, a déclaré Amnesty International le 1er novembre 2021.

Amnesty International s’est entretenue avec sept personnes au sujet des récents échanges de tirs qui ont eu lieu dans la régence d’Intan Jaya. Selon leurs témoignages, l’une des victimes, un bambin de deux ans, est morte quelques heures après avoir été touchée. Ces sources ont ajouté qu’elles pensaient que les tirs venaient de la direction d’un poste de commandement militaire situé non loin.

« Toute personne soupçonnée d’être responsable doit être déférée à la justice dans le cadre d’un procès équitable »

« Les autorités doivent mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie, indépendante, transparente et efficace sur la fusillade, a déclaré Usman Hamid, directeur d’Amnesty International Indonésie.

« Toute personne soupçonnée d’être responsable doit être déférée à la justice dans le cadre d’un procès équitable. Les victimes et leurs familles doivent avoir accès à la justice et disposer de recours utiles. »

Des enfants victimes d’échanges de tirs

Les deux enfants ont été touchés lors d’un échange de tirs entre les forces de sécurité indonésiennes et des groupes armés dans la soirée du 26 octobre 2021.

Selon des sources locales, les deux enfants se trouvaient chez eux dans un quartier résidentiel près d’un poste de commandement militaire de Koramil, dans le district de Sugapa, lorsque la fusillade a eu lieu. Ce poste est situé sur une zone surélevée, tandis que les habitations se trouvent à environ 200 mètres de là, en contrebas.

« Les autorités doivent mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie, indépendante, transparente et efficace sur la fusillade »

L’une des victimes, un bambin de deux ans, a été touchée au ventre. Les photos obtenues par Amnesty International montrent une blessure par balle au niveau du ventre. Selon des sources locales, il a succombé à ses blessures le lendemain matin. La deuxième victime, un enfant de six ans, a été touchée dans le dos. Amnesty International a pu obtenir des photos montrant sa blessure.

Les deux enfants auraient été conduits au centre de soins local tout de suite après avoir été touchés, mais n’ont pas reçu de soins car aucun professionnel de santé n’était sur place. L’enfant de six ans qui a survécu se trouve actuellement à l’hôpital, selon des sources locales.

Ces sources pensent que les forces militaires indonésiennes sont sans doute entrées dans leur quartier pour se venger après qu’un soldat a été blessé lors d’une fusillade avec un groupe armé dans le secteur, plus tôt dans la journée du 26 octobre. D’après les recherches d’Amnesty International, lorsqu’une fusillade entre militaires et groupes armés papous se traduit par des pertes militaires, il est fréquent que les forces de sécurité recherchent les membres des groupes armés dans les quartiers d’habitations de la zone et fassent des victimes parmi les civils.

« Le gouvernement se doit de protéger les civils, y compris les enfants, lors d’opérations de sécurité et de dispenser des soins médicaux et une aide humanitaire aux personnes affectées »

Le 27 octobre, la police papoue a affirmé que les deux enfants avaient été touchés par les tirs d’un groupe armé alors qu’ils se trouvaient devant chez eux.

La situation dans le district de Sugapa demeure tendue. Selon des sources locales, les échanges de tirs entre les groupes armés et les forces de sécurité indonésiennes ont débuté lundi 25 octobre dans la soirée et se sont poursuivis le 29 octobre. Face à l’intensification des affrontements, des centaines de villageois·e·s de l’Intan Jaya se sont réfugiés dans les églises.

« Le gouvernement se doit de protéger les civils, y compris les enfants, lors d’opérations de sécurité et de dispenser des soins médicaux et une aide humanitaire aux personnes affectées », a déclaré Richard Pearshouse, responsable Crise et environnement à Amnesty International.

Intensification du conflit dans l’Intan Jaya

Ces enfants sont les dernières victimes civiles d’un conflit armé qui s’étend et se durcit dans l’Intan Jaya depuis deux ans.

Depuis début octobre 2021, Sem Kobogau, habitant du district de Sugapa, est porté disparu. Des médias locaux ont relaté son arrestation par quatre membres des Forces armées indonésiennes (TNI) le 5 octobre.

« Le nombre croissant de victimes civiles illustre l’inefficacité de la politique actuelle s’agissant d’assurer la sécurité en Papouasie »

En septembre 2020, le révérend Yeremia Zanambani, âgé de 68 ans, pasteur dans l’Intan Jaya, aurait été abattu, poignardé et tué par un soldat indonésien. Les investigations menées par la Commission nationale des droits humains ont conclu que des soldats étaient impliqués dans cet homicide. Les autorités ont procédé à une autopsie, mais n’ont toujours pas annoncé les conclusions. La famille de Yeremia Zanambani demande que l’affaire soit portée devant un tribunal des droits humains indonésien. L’information judiciaire ouverte sur cette affaire est toutefois au point mort depuis près d’un an.

« Le nombre croissant de victimes civiles illustre l’inefficacité de la politique actuelle s’agissant d’assurer la sécurité en Papouasie, a déclaré Usman Hamid.

« Nous engageons le gouvernement à reconsidérer sa stratégie en matière de sécurité en Papouasie afin de mettre un terme au cycle de violences qui fait de nombreuses victimes parmi la population civile. »

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