Indonésie : il faut protéger des villageois chiites contre de nouvelles attaques

Amnesty International exhorte les autorités indonésiennes à assurer la protection de centaines de musulmans chiites contraints jeudi 12 janvier de retourner dans leur village de la province de Java-Est. Ils avaient dû partir après avoir été attaqués par une foule hostile aux chiites.

Les autorités du gouvernement local ont contraint quelque 335 villageois chiites déplacés, dont au moins 107 enfants, à monter dans des camions dans la soirée du 12 janvier et les ont ramenés au village de Nangkrenang, qui avait été mis à sac à la fin de l’année 2011.

Ces villageois refusaient de rentrer chez eux tant qu’ils n’étaient pas assurés de bénéficier d’une protection policière efficace et tant que leurs agresseurs n’étaient pas déférés à la justice.

« Nous sommes inquiets quant aux conditions qu’ils vont retrouver dans leur village : beaucoup n’ont même plus de maison, a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« En outre, de sérieux doutes planent sur la volonté de la police de protéger ces personnes contre d’autres attaques motivées par l’intolérance religieuse et d’amener les responsables à rendre des comptes. »

Le 29 décembre 2011, des maisons, un internat et un lieu de culte appartenant à la communauté chiite dans le village de Nangkrenang, à Sampang, sur l’île de Madura, ont été incendiés par une foule de près de 500 personnes, dont certaines étaient munies d’armes tranchantes.

Bien que les membres des forces de sécurité étaient avertis à l’avance du moment de l’attaque, au lieu d’agir pour l’empêcher ou protéger les villageois, ils se sont contentés de regarder ou de filmer la scène avec leurs téléphones portables.

La seule personne arrêtée dans le cadre de ces événements a été relâchée depuis.

« Pourtant, ce n’est pas la première fois que ces villageois sont attaqués, a déclaré Sam Zarifi. Les contraindre à se réinstaller dans un lieu à risques, sans assurer dûment leur protection ni leur proposer de solutions de relogement, bafoue les principes internationalement reconnus relatifs aux droits des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. »

Après la dernière attaque, les villageois ont été évacués vers un abri provisoire dans un complexe sportif à Sampang, où ils ne disposaient semble-t-il pas de sanitaires ni d’eau potable.

La communauté chiite installée sur l’île de Madura a déjà été la cible d’actes d’intimidation et d’agressions en 2006 et 2011. En outre, les groupes anti-chiites auraient fait pression sur les chiites pour qu’ils se convertissent à la religion majoritaire en Indonésie, l’islam sunnite.

Amnesty International a recensé de nombreux cas d’intimidation et de violences contre les minorités religieuses imputables à des groupes islamistes radicaux en Indonésie. Des communautés d’ahmadis ont notamment été déplacées en raison d’attaques et d’incendies, et les auteurs de ces agissements sont pour la plupart demeurés impunis.

Le droit à la liberté de religion ou de conviction est garanti par l’article 18(1) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel l’Indonésie est partie. Aux termes du PIDCP, l’Indonésie doit garantir le droit à la vie, à la sécurité et le droit de ne pas être torturé ni soumis à d’autres formes de mauvais traitements. Cette protection doit être assurée sans discrimination, notamment fondée sur la religion.

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