Communiqué de presse

Indonésie. La première exécution en quatre ans est « choquante et marque un retour en arrière »

La première exécution en Indonésie depuis plus de quatre ans est choquante et marque un retour en arrière, a déclaré Amnesty International en appelant vivement le gouvernement à ne pas procéder à neuf exécutions supplémentaires en 2013, comme il l’a annoncé.

Dans la nuit du 14 au 15 février, Adami Wilson, un ressortissant malawien de 48 ans qui avait été condamné pour trafic de stupéfiants en 2004, a été fusillé par un peloton d’exécution à Djakarta. Il s’agit de la première exécution en Indonésie depuis novembre 2008.

Le procureur général de l’Indonésie, Basrief Arief, a déclaré que les autorités prévoyaient d’exécuter au moins neuf autres condamnés à mort en 2013.

« C’est tout à fait scandaleux. Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, mais la longue période durant laquelle l’Indonésie n’a procédé à aucune exécution et le fait que le gouvernement ait annoncé qu’il comptait mettre d’autres personnes à mort rend la situation encore plus choquante », a dénoncé Papang Hidayat, spécialiste de l’Indonésie au sein d’Amnesty International.

Adami Wilson avait été déclaré coupable d’avoir passé en contrebande un kilogramme d’héroïne en 2004 à Tangerang, dans la province de Banten.

Cette exécution est la première en Indonésie depuis plus de quatre ans. La précédente a eu lieu le 9 novembre 2008, lorsque trois hommes impliqués dans les attentats de Bali en 2002 ont été exécutés.

Après la mort d’Adami Wilson sous les tirs du peloton d’exécution, le procureur général a déclaré, vendredi 15 mars, qu’au moins neuf autres exécutions auraient lieu en 2013 et que jusqu’à 20 condamnés pourraient être mis à mort.

Selon les estimations, 130 personnes seraient sous le coup d’une condamnation à mort en Indonésie, plus de la moitié pour trafic de stupéfiants. Beaucoup sont des ressortissants étrangers. Les infractions à la législation relative aux stupéfiants ne répondent pas à la définition des « crimes les plus graves », contrairement à ce que requiert le droit international en cas de recours à la peine capitale.

« Cette déclaration du procureur général est incompréhensible, procéder à de nouvelles exécutions maintenant représenterait un immense retour en arrière. Amnesty International demande instamment au gouvernement indonésien de mettre immédiatement un frein à ses projets d’exécutions », a déclaré Papang Hidayat.

La mise à mort d’Adami Wilson et la déclaration du procureur général vont à l’encontre d’éléments positifs qui indiquaient que l’Indonésie abandonnait la peine capitale.

En octobre 2012, après que le président Susilo Bambang Yudhoyono a commué la peine de mort d’une personne condamnée pour trafic de stupéfiants, le ministre des Affaires étrangères Marty Natalegawa a annoncé que ce geste faisait partie d’un mouvement plus large s’écartant de l’usage de ce châtiment en Indonésie.

Lors de l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2012, l’Indonésie s’est pour la première fois abstenue de voter contre une résolution appelant à la mise en place d’un moratoire mondial sur les exécutions.

« Ce qui rend ces faits si décevants, c’est que le gouvernement indonésien semblait vraiment se détourner progressivement de la peine de mort ces dernières années », a regretté Papang Hidayat.

« Au cours de l’année passée, de nombreux autres pays de la région, dont la Malaisie et Singapour, ont pris des mesures pour limiter le recours à la peine capitale, notamment dans les cas d’infractions à la législation relative aux stupéfiants. Nous attendions de l’Indonésie qu’elle soit à la tête de ce mouvement, pas qu’elle fasse régresser la région. »

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