Indonésie. La vidéo sur des actes de torture infligés à des Papous impose l’ouverture d’une enquête indépendante

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI -
19 octobre 2010 -
Index AI : PRE 01/350/2010

Le gouvernement indonésien doit ouvrir une enquête indépendante sur les informations faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements commis en Papouasie au cours des deux dernières années, a déclaré Amnesty International ce mardi 19 octobre 2010.

Une vidéo postée en ligne la semaine dernière montre des Papous en train de se faire rouer de coups de pied et de subir des violences physiques, infligées dans certains cas par des hommes en uniforme.

« La diffusion de cette vidéo vient rappeler que la torture et les mauvais traitements sont rarement reconnus et demeurent souvent impunis en Indonésie, a indiqué Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Nous recevons régulièrement des informations faisant état d’actes de torture perpétrés par les membres des forces de sécurité. Cependant, les investigations indépendantes sont peu fréquentes et les responsables présumés sont rarement amenés à rendre compte de leurs actes devant un tribunal indépendant. »

Dans une vidéo récente de la police parvenue aux mains d’organisations de défense des droits humains, on peut voir Yawan Wayeni, militant politique papou, très grièvement blessé à l’abdomen. Les policiers ne lui sont absolument pas venus en aide alors qu’il était en train de mourir.

Yawan Wayeni aurait été arrêté par des membres de la brigade de police mobile en août 2009 à son domicile sur l’île de Yapen, en Papouasie.

Amnesty International exhorte le gouvernement indonésien à charger la Commission nationale des droits humains Komnas HAM de diriger l’enquête. Il doit garantir la sécurité des membres de la Commission qui procéderont aux investigations, ainsi que celle des victimes, des témoins et de leurs familles.

En outre, Amnesty International a invité le gouvernement indonésien à rendre publiques les conclusions de l’enquête et à les rendre accessibles, lorsque cela est pertinent, aux victimes et à leurs familles.

« Les autorités doivent adresser un message clair à tous les membres des forces de sécurité en Indonésie, et plus particulièrement en Papouasie. Elles doivent rappeler que la torture et les mauvais traitements sont strictement prohibés en toutes circonstances et que, si de tels agissement sont perpétrés, ils feront l’objet d’enquêtes judiciaires exhaustives », a expliqué Donna Guest.

En décembre 2009, Amnesty International a écrit au chef de la police nationale afin de lui fournir des éléments sur une pratique bien établie de violences policières à Nabire, en Papouasie.

De décembre 2008 à avril 2009, des policiers ont eu recours à une force injustifiée et excessive contre des manifestants, faisant au moins 21 blessés. En outre, au moins 17 personnes ont été battues à maintes reprises et victimes d’autres mauvais traitements pendant et après leur arrestation entre janvier et avril 2009.

Amnesty International a également reçu des informations crédibles sur deux affaires d’homicides illégaux imputables aux forces de sécurité en Papouasie en avril et juin 2009.

À ce jour, l’organisation n’a toujours pas reçu de réponse écrite à sa lettre et n’a pas été informée de l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur ces allégations.

Complément d’information

En tant que partie à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, l’Indonésie est légalement tenue de prohiber la torture et les autres mauvais traitements en toutes circonstances. La Constitution indonésienne et la Loi relative aux droits de l’homme de 1999 interdisent également la torture. Toutefois, le Code pénal indonésien doit encore intégrer une définition de la torture qui soit conforme à la Convention contre la torture et qui prévoit des sanctions précises.

Amnesty International reconnaît que la Papouasie est le théâtre d’une insurrection de faible intensité et que le gouvernement indonésien a l’obligation et la responsabilité de protéger ses citoyens.

Cependant, le droit international proclame l’interdiction absolue de la torture et des autres mauvais traitements.

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