INDONESIE. Le report du projet de loi sur les employées de maison va prolonger l’exploitation et les abus

ASA 21/007/2010

ÉFAI-3 juin 2010

La décision prise ce mercredi 2 juin par la Commission parlementaire IX de renvoyer à plus tard la rédaction d’un projet de loi sur les employées de maison constitue un pas en arrière pour la protection des droits des travailleurs en Indonésie, a déclaré Amnesty International. Il est clair que cette décision est contraire au Programme législatif national (Prolegnas) 2010, qui avait accordé à cette loi la priorité des débats pour 2010.

Selon les estimations, à l’heure actuelle 2,6 millions d’employées de maison ne sont pas protégées par la législation garantissant les droits des travailleurs, notamment par la Loi de 2003 sur le travail. Celle-ci est en elle-même discriminatoire envers cette catégorie de travailleurs – dont la quasi-totalité sont des femmes et des jeunes filles –, car elle ne prévoit pas les mêmes mesures de protection que pour les autres travailleurs, telles que la limitation de la durée de travail (qui doit être raisonnable), la rémunération (qui doit permettre de vivre dans la dignité) et des dispositions quant au temps de repos et aux congés.

De ce fait, des femmes et des jeunes filles employées de maison vivent et travaillent dans des conditions abusives. Régulièrement, elles sont victimes d’exploitation économique ainsi que de violences physiques, psychologiques et sexuelles.
En raison de ce report, les employés de maison en Indonésie resteront plus longtemps vulnérables et exposés à l’exploitation et aux violences. Les femmes de cette catégorie doivent bénéficier de la même protection que les autres travailleurs. En outre, la décision de la Commission parlementaire ne va pas dans la même direction que les mesures déjà adoptées par les autorités et visant à renforcer la protection des migrants indonésiens à l’étranger, y compris les employés de maison.

Ce jeudi 3 juin, au matin, des militants du Réseau pour la défense des employés de maison (Jala-PRT), une coalition nationale œuvrant pour les droits de ces personnes, et de plusieurs autres syndicats et coalitions, ont organisé une manifestation devant le bâtiment de la Chambre des représentants du peuple. Ils demandaient que la Commission parlementaire se conforme au Programme législatif national de 2010 et revienne sur sa décision.
Amnesty International a elle aussi mené des actions pour que les autorités accordent une protection juridique aux employés de maison, conformément au droit et aux normes internationaux relatifs aux droits humains.

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