Communiqué de presse

Indonésie. Les autorités doivent rendre des comptes sur les violences policières dans le sud de Sumatra

Les autorités indonésiennes doivent rendre des comptes concernant les violations des droits humains commises par la police dans le sud de la province de Sumatra et procéder à un examen approfondi des tactiques policières de maintien de l’ordre, en vue de s’assurer que ces dernières sont conformes aux normes internationales.

Depuis juillet 2012, au moins trois incidents distincts impliquant des agriculteurs du district d’Ogan Ilir ont mis en évidence que la police indonésienne ne parvenait pas à gérer les opérations de maintien de l’ordre sans recourir à une force excessive, et parfois meurtrière.

Le 29 janvier 2013, un groupe d’environ 500 fermiers du district d’Ogan Ilir, accompagnés par des militants du Forum indonésien pour l’environnement (WALHI), ont défilé au siège régional de la police du Sud de Sumatra (Polda, Polisi Daerah) à Palembang.

Selon des informations crédibles, la police a fait un usage excessif de la force pour disperser les manifestants qui tentaient d’entrer dans le bâtiment de la police. La police aurait battu certains manifestants, notamment à coups de matraque. Des dizaines de manifestants ont été blessés, et au moins un défenseur des droits humains de WALHI a subi des blessures à la tête. Vingt-six manifestants, dont deux militants, ont été arrêtés par la police.

Tous les manifestants (à l’exception de trois personnes) ont été relâchés depuis. Anouar Sadat, responsable de WALHI pour le Sud de Sumatra, Dede Chaniago, un militant de WALHI et Kamaludin, un fermier, restent en garde à vue et ont été accusés d’incitation à la violence contre le gouvernement, de violence contre une personne ou des biens, et de mauvais traitements. Ces personnes risquent jusqu’à six ans d’emprisonnement.

Les manifestants protestaient contre les actions de la police, le 25 janvier 2013. Ce jour-là, la police du district d’Ogan Ilir et d’autres personnes inconnues ont pénétré dans le village de Betung et ont exigé que les villageois quittent leurs terres. Des sources crédibles indiquent que la police a détruit un lieu de culte dans le village de Betung. Depuis 1982, un conflit
territorial oppose des fermiers à une entreprise nationale de plantation dans le district d’Ogan Ilir.

Dans un autre incident en juillet 2012, la Brigade mobile de police (Brimob) et la police du district d’Ogan Ilir avaient ouvert le feu sur des fermiers, tuant un garçon de 12 ans et blessant quatre autres personnes dans le village de Limbang Jaya. Selon la Commission nationale des droits humains (Komnas HAM), la police avait tiré à balles réelles sur la foule.
La Commission nationale de la police avait révélé que les policiers n’avaient pas respecté les procédures applicables et six policiers avaient reçu des avertissements disciplinaires par écrit. Amnesty International n’a eu connaissance d’aucune enquête pénale sur cette affaire.

Amnesty International est préoccupée par les violences policières apparemment systématiques contre les agriculteurs du district d’Ogan Ilir, et recommande qu’une enquête indépendante soit menée immédiatement. Les personnes soupçonnées d’être responsables de ces agissements, y compris les personnes ayant une fonction de commandement, quel que soit leur grade, doivent être traduites en justice devant des tribunaux civils, et les victimes doivent obtenir des réparations.

Dans les opérations de maintien de l’ordre public, la police doit respecter le droit à la vie garanti par l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel l’Indonésie est un État partie. Les responsables de l’application des lois doivent appliquer des moyens non violents avant de recourir à l’usage de la force et aux armes à feu.
L’usage létal d’armes à feu n’est envisageable en ultime recours que pour protéger des vies.
La police doit également respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique qui sont prévus aux articles 19 et 21 du PIDCP.

Amnesty International continue d’être préoccupée par la violence, les menaces et le harcèlement que subissent les défenseurs des droits humains en Indonésie. Selon l’article 2 de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme, chaque État a le devoir de créer les conditions nécessaires à la défense des droits humains dans sa
juridiction. L’organisation appelle le gouvernement indonésien à créer un environnement dans lequel il est possible de défendre les droits humains sans crainte de représailles et d’intimidation.

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