« Par cette décision, le président Joko Widodo a enfreint ses engagements, particulièrement en ce qui concerne les réparations pour les atteintes aux droits humains commises par le passé dans le pays. Le président vient de confier le contrôle des forces de défense du pays à une personne impliquée, d’après la Commission indonésienne des droits humains, dans des crimes contre l’humanité, notamment des disparitions forcées », a déclaré Usman Hamid, directeur d’Amnesty International Indonésie.
« La nomination de Prabowo Subianto est un signe inquiétant que nos dirigeants ont oublié les jours les plus sombres de l’époque de Soeharto et les pires violations commises pendant cette période. Lorsque Prabowo Subianto était à la tête de nos forces spéciales, des militant·e·s ont disparu et de nombreuses allégations de torture et d’autres mauvais traitements ont été formulées. Nous demandons au gouvernement de veiller à ce que les affaires d’atteintes aux droits humains commises par le passé fassent l’objet d’enquêtes approfondies, à ce qu’elles soient résolues et à ce que les victimes obtiennent de véritables réparations.
« Au lieu de confier des postes à responsabilité à des personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes, particulièrement lorsque les éléments de preuve de ces agissements passés sont menacés, le gouvernement doit examiner sérieusement le bilan de ces personnes en matière de droits humains. Si nécessaire, le gouvernement doit les traduire en justice dans le cadre de procès équitables. »
Complément d’information
Le 23 octobre, le président indonésien Joko Widodo a nommé Prabowo Subianto, ancien général de l’armée, au poste de ministre de la Défense au sein de son nouveau gouvernement. Prabowo Subianto était le candidat d’opposition face à Joko Widodo pour les dernières élections. Il est également l’ex-gendre de l’ancien président Soeharto, le dirigeant soutenu par l’armée qui a gouverné le pays pendant 31 ans, de 1967 à 1998, et il a été commandant des forces spéciales de l’armée pendant le règne de l’ancien président.
Prabowo Subianto a été accusé d’implication dans des atteintes aux droits humains, notamment les enlèvements de militant·e·s en faveur de la démocratie dans les derniers mois du régime de Soeharto.
Des enquêtes officielles indépendantes sur les graves atteintes aux droits humains perpétrées en mai 1998 ont conclu que Prabowo Subianto était au fait des atteintes et que, en tant que commandant des forces spéciales de l’armée, il était responsable des enlèvements des militant·e·s en faveur de la démocratie entre 1997 et 1998. Les accusations dont il fait l’objet n’ont jamais mené à un procès.