« Le débarquement de réfugiés rohingyas le 25 juin représente un sursaut d’optimisme et de solidarité. Cela est à porter au crédit de la communauté de l’Aceh, qui a fortement insisté et pris des risques afin que ces enfants, ces femmes et ces hommes puissent regagner la terre ferme. Elle a fait preuve d’une grande humanité, a déclaré Usman Hamid, directeur d’Amnesty International Indonésie.
« En 2015, quand la situation a encore empiré pour les Rohingyas qui cherchaient à trouver la sécurité en s’enfuyant à bord de bateaux, et que des centaines d’entre eux ont perdu la vie, ce sont cette fois encore des communautés de l’Aceh qui ont montré l’exemple.
« Mais cette nouvelle réconfortante ne doit pas faire oublier que ces personnes réfugiées ont besoin d’une protection durable. Après tout ce qu’elles ont enduré en mer, ce dont elles ont à présent le plus besoin, c’est d’être en sécurité et de trouver un refuge.
« Le gouvernement indonésien doit pourvoir aux besoins fondamentaux de ces rescapés et ne doit en aucune circonstance les repousser en mer. Alors que le sommet de l’ANASE débute le 26 juin, les événements dramatiques du 25 juin soulignent à quel point il est urgent qu’un dialogue soit établi au niveau régional afin d’empêcher que d’autres personnes ne meurent en mer. »
Complément d’information
Le 25 juin 2020, un bateau transportant 94 réfugié·e·s rohingyas a accosté dans le nord de l’Aceh, la population locale ayant insisté auprès des autorités et protesté jusqu’à ce que ces personnes soient amenées à terre. La veille, le bateau avait été repéré au large de la plage de Seunuddon, dans le nord de l’Aceh, par des pêcheurs de la région qui ont alors alerté les autorités.
Les 94 rescapés ont été emmenés dans une mosquée locale, et les autorités n’ont pas encore indiqué comment elles vont s’occuper de ces personnes. Amnesty International Indonésie travaille en coordination avec des associations locales et des organisations d’aide aux réfugiés pour obtenir des informations sur leur prise en charge.
Le droit international impose aux États de protéger les droits fondamentaux des personnes réfugiées qui atteignent leurs côtes.
Le principe de non-refoulement leur interdit de renvoyer une personne dans un pays où elle risquerait d’être victime de persécutions ou d’autres graves violations des droits humains. Il est la pierre angulaire de la protection internationale accordée aux personnes réfugiées et essentiel pour l’interdiction absolue de la torture et des autres formes de traitement ou de châtiment cruel, inhumain ou dégradant.
L’Indonésie n’est pas partie à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés adoptée par les Nations unies ni à son Protocole de 1967. Toutefois, le principe de non-refoulement est également inscrit dans le droit international général relatif aux droits humains, ainsi que dans le droit international coutumier, qui est contraignant pour tous les États sans exception. Par ailleurs, la Déclaration des droits de l’homme de l’ANASE consacre le droit de « demander et obtenir l’asile ». De plus, l’interdiction des expulsions collectives est implicite dans l’article 13 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Indonésie est partie