« Le président Joko Widodo a maintes fois fait de grandes promesses pour apaiser les tensions en Papouasie. En ce début de son second mandat, son gouvernement ne reconnaît pas que la Papouasie est toujours en proie à une crise des droits humains. Les quelques photos et discours sur les infrastructures et les mesures d’incitation économique ne vont pas permettre de faire oublier ces graves problèmes », a déclaré Usman Hamid, directeur d’Amnesty International Indonésie.
« Le président Widodo s’est rendu à Wamena aujourd’hui, mais son gouvernement n’a toujours pas diligenté d’enquête exhaustive, impartiale, indépendante et efficace sur la tragédie qui a eu lieu le mois dernier dans cette ville, et qui constitue l’un des épisodes les plus sanglants qu’ait connus le pays en 20 ans. Les membres des forces de sécurité soupçonnés d’être responsables de violations des droits humains, notamment d’un recours excessif à la force et d’infractions pénales doivent être déférés à la justice et jugés dans le cadre d’une procédure équitable.
« Cela fait trop longtemps que l’on assiste de façon répétée à la violente répression des troubles. Il est grand temps que les autorités adoptent une nouvelle stratégie, qui soit basée cette fois sur le respect plein et entier des droits fondamentaux des Papous. »
Complément d’information
Le 23 septembre, à Jayapura, des affrontements ont eu lieu entre des étudiants papous et la police. Les étudiants ont lancé des pierres sur les forces de sécurité, qui ont riposté en ouvrant le feu. Les tirs ont entraîné la mort de trois étudiants et en ont blessé 20 autres. En outre, un soldat a été tué à coups de couteau par les manifestants durant les événements. La police a arrêté 733 étudiants à Jayapura pendant et après les affrontements.
Le même jour, à Wamena, plusieurs centaines de lycéens sont descendus dans la rue pour protester contre le fait qu’un enseignant aurait proféré des insultes racistes dirigées contre un élève papou. La manifestation a dégénéré en violences et des affrontements de grande ampleur ont eu lieu avec l’armée. Le lendemain, un porte-parole de la police a annoncé un bilan de 32 morts.
Le président Joko Widodo a effectué une visite de trois jours en Papouasie, du 26 au 28 octobre, qui constitue le premier voyage officiel de son deuxième mandat. Il s’est rendu dans plusieurs villes de la Papouasie, notamment à Jayapura et à Wamena.