Indonésie. Une enquête doit être menée sur la destruction forcée de maisons par la police à Riau

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les autorités indonésiennes doivent immédiatement ouvrir une enquête sur le destruction forcée d’environ 300 maisons dans le village de Suluk Bongka le 18 décembre, a déclaré Amnesty International ce 23 décembre.

L’organisation a appris par des sources locales que deux enfants étaient morts lors de la confrontation et que près de 400 villageois étaient toujours sans abri et vivaient dans une forêt proche. Cinquante-huit personnes sont toujours en garde à vue.

« Des centaines de personnes vivent à présent dans la forêt, leurs maisons détruites, et deux familles pleurent la mort de leurs enfants. Le gouvernement indonésien doit immédiatement ouvrir une enquête pour déterminer pourquoi et comment cela s’est produit et se pencher sur le rôle des responsables locaux de l’application des lois dans cette affaire », a déclaré Josef Benedict, adjoint de campagne d’Amnesty International pour l’Indonésie.

Environ 700 agents des forces locales de sécurité ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes lors d’une opération d’éviction des résidents du village situé dans la province de Riau sur la côte orientale de Sumatra. La police était assistée de la Satpol PP (unité de police administrative municipale ), de Pamswakarsa (groupes civils de sécurité) et de civils apparemment recrutés pour l’opération d’expulsion.

De sources locales, une enfant de deux ans serait décédée après avoir chuté dans un puits lors de la confrontation, tandis qu’un bébé de deux mois serait mort des suites de brûlures. Deux autres personnes auraient été blessées par balles.

Lorsque les villageois ont fui vers la forêt, deux hélicoptères auraient déversé ce que l’on pense être un accélérateur d’incendie sur le village de Suluk Bongka, sur l’île de Bengkalis, détruisant par le feu environ 300 maisons. Des bulldozers ont ensuite envahi la zone pour aplanir le terrain uniformément.

Un conflit foncier oppose les villageois à la compagnie de pâte à papier PT Arara Abadi depuis 1996, date à laquelle le ministère indonésien des forêts a accordé à la société des droits d’exploitation pour une plantation industrielle. Depuis, la compagnie tente d’expulser les villageois, pourtant les courriers officiels du ministère des forêts et du gouverneur de Riau en 2007 établissaient clairement que la compagnie ne pourrait démarrer les opérations tant que le litige n’aurait pas été réglé.

L’expulsion des résidents de Suluk Bongka s’est faite sans que le litige ait été résolu et sans que les résidents n’aient été au préalable informés ou avertis par des documents officiels.

La police a interpellé environ 200 personnes dans un premier temps. Cinquante-huit personnes sont toujours détenues au polres Bengkalis (poste de police du district).

La police empêche les organisations de défense des droits humains de pénétrer dans la zone. Komnas HAM, la commission nationale de défense des droits humains, a déclaré qu’elle allait néanmoins essayer d’envoyer une équipe d’enquêteurs et de fournir une protection aux villageois ayant déposé plainte auprès de la commission.

Amnesty International lance un appel de toute urgence pour que

  toutes les personnes détenues par la police soient libérées ou inculpées d’une infraction dûment reconnue par la loi ;

  l’accès à la région soit autorisée à la Komnas HAM et aux groupes de défense des droits humains par la police ;

  le gouvernement indonésien assure la sécurité des villageois encore dans la forêt et fournisse des abris de base, de l’eau et de la nourriture aux villageois expulsés de chez eux ;

  le gouvernement indonésien ordonne immédiatement l’ouverture d’une enquête sur le recours à une force meurtrière excessive par la police et sur la mort des deux enfants et veille à ce que les responsables présumés de ces actes soient traduits en justice ;

  le gouvernement indonésien accorde des réparations à tous ceux qui ont perdu leur maison.

« La priorité immédiate est le bien-être de ces villageois contraints de vivre dans la forêt. On a peu d’information sur ce qui se passe, raison pour laquelle les autorités indonésiennes doivent de toute urgence permettre aux organisations locales de se rendre sur place ou, à tout le moins, fournir des ’informations plus détaillées sur ce qu’elles font pour venir en aide à ces personnes », a ajouté Josef Benedict.

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