IRAK : Action urgente requise pour empêcher des crimes de guerre

Index AI : MDE 14/057/2004
ÉFAI

Mardi 16 novembre 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

De récentes informations en provenance de Fallouja font craindre de graves
violations des règles de la guerre censées protéger civils et combattants ne
prenant plus part aux hostilités (hors de combat). Selon la chaîne de
télévision américaine NBC, des marines américains auraient laissé cinq
Irakiens blessés dans une mosquée après des combats. Le lendemain, samedi 13
novembre, un autre groupe de marines serait entré dans la mosquée et un
journaliste de NBC aurait vu un marine tirer une balle dans la tête d’un des
Irakiens blessés gisant à terre, auprès duquel aucune arme n’était visible.
Le sort des quatre autres Irakiens demeure incertain.

Les autorités américaines ont déclaré avoir retiré de la zone de combat un
soldat et vouloir mener une enquête. Toutefois, des mesures urgentes sont
également nécessaires pour empêcher les violations, a déclaré Amnesty
International ce mardi 16 novembre.

« Des ordres sans équivoque concernant le traitement des insurgés blessés et
sans arme doivent être donnés, ou répétés, à tous les personnels civils et
militaires américains et irakiens Il faut qu’il soit clair, pour les forces
américaines et irakiennes, qu’au regard du droit international elles ont
l’obligation de protéger et de fournir l’aide médicale nécessaire aux
insurgés blessés ne constituant plus une menace ainsi qu’aux civils, a
déclaré Amnesty International.

« Tirer intentionnellement sur des combattants blessés et sans arme ne
constituant pas une menace immédiate est un crime de guerre en droit
international et il y a donc obligation pour les autorités américaines
d’enquêter sur tout évènement de cette nature qui leur est signalé et de
traduire en justice les auteurs présumés de tels crimes. Les enquêtes
devront être publiques et transparentes et leurs conclusions rendues
publiques. Tout témoin potentiel devra faire l’objet d’une protection. »

Amnesty International a déjà demandé aux autorités américaines d’enquêter
sur une autre affaire intervenue précédemment et signalée par la chaîne
britannique Channel Four dans l’émission Channel Four News. Des images
montraient un soldat américain tirant, semble-t-il, sur un insurgé blessé,
hors champ de la caméra. On voyait ensuite le soldat s’en aller en disant « 
il est parti ».

Amnesty International appelle également les forces américaines et irakiennes
à veiller à ce que les personnes blessées lors de l’offensive de Fallouja,
civils et combattants, reçoivent rapidement des soins médicaux adaptés à
leur état. En outre, des mesures urgentes doivent être prises pour faire
face à la situation humanitaire dramatique de la ville. Il n’y a
actuellement ni eau, ni électricité ni évacuation organisée des blessés qui
ne peuvent recevoir les soins dont ils ont besoin. La Société du
Croissant-Rouge irakien a réussi à parvenir jusqu’à l’hôpital situé à la
périphérie de la ville mais n’a toujours pas été autorisée à apporter une
aide ou des secours d’urgence aux personnes qui en ont besoin à l’intérieur
de la ville. La plupart des civils encore dans la ville seraient bloqués
dans leurs maisons ou se cacheraient. On n’a aucune information concernant
des victimes civiles.

« Les besoins humanitaires dans Fallouja sont énormes. Des mesures doivent
être prises de toute urgence pour autoriser la Société du Croissant-Rouge
irakien et d’autres organisations humanitaires à pénétrer dans la ville. »

Les insurgés auraient également violé les règles du droit international
humanitaire : « Les commandants et combattants des groupes armés de Fallouja
ont l’obligation de respecter les règles fondamentales du droit
international. Piéger des cadavres avec des explosifs est un crime de guerre
 », a déclaré Amnesty International.

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